L'expulsion des Allemands d'Europe de l'Est, l'épuration ethnique oubliée de l'après-guerre

Des expulsés allemands à la gare de marchandises de Pankow (arrondissement du nord de Berlin), en 1946. | Otto Donath / Archives fédérales allemandes via Wikimedia Commons
Des expulsés allemands à la gare de marchandises de Pankow (arrondissement du nord de Berlin), en 1946. | Otto Donath / Archives fédérales allemandes via Wikimedia Commons

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, alors que le Troisième Reich dépose les armes, des millions d'individus germanophones sont encore éparpillés en Europe orientale. Certains sont des expatriés de longue date qui s'étaient installés dans la région de la mer Noire et le long de la Volga. D'autres sont des immigrés plus récents ayant élu domicile dans les territoires annexés par le Reich. D'autres, enfin, sont des réfugiés ayant quitté une Allemagne exsangue vers la fin du conflit, craignant autant les bombardiers alliés que les violeurs de l'Armée rouge –lesquels ont mutilé près de deux millions d'Allemandes.

Ces Volksdeutsche («Allemands du peuple») sont près de vingt millions, répartis entre la Tchécoslovaquie, la Hongrie, la Pologne, la Roumanie et la Prusse-Orientale (actuelles Pologne, Lituanie et Russie, oblast de Kaliningrad). Mais lorsque le conflit s'achève et que vient l'heure du bilan, les autorités alliées se retrouvent face à une question épineuse: que faire d'eux? La majorité des réfugiés sont des femmes et des enfants de moins de 16 ans.

Le brassage culturel ne semble pas compatible avec l'apaisement, d'autant plus que les populations revanchardes pourraient bien vouloir se retourner contre leurs anciens bourreaux… «L'expulsion est la méthode qui […] sera la plus satisfaisante et la plus durable, estime le Premier ministre britannique Winston Churchill, assis à la table des vainqueurs, en 1945. Il n'y aura pas de mélange de populations susceptible de causer des troubles sans fin. Un grand balayage sera fait.»

Le grand nettoyage

C'est ainsi que les rouages de l'épuration ethnique se mettent en place. Sont ciblés tous les citoyens germanophones installés à l'est du Rhin, même ceux qui sont expatriés depuis des générations. Certains avaient déjà été placés, au préalable, dans des camps d'internement –et même dans d'anciens camps de concentration…

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