Lettre à François Burgat, islamologue aux idées courtes

Illustration d'une mosquée à Grozny, en Tchétchénie.   - Credit:Yelena Afonina/TASS/Sipa USA/SIPA / SIPA / Yelena Afonina/TASS/Sipa USA/SIP
Illustration d'une mosquée à Grozny, en Tchétchénie. - Credit:Yelena Afonina/TASS/Sipa USA/SIPA / SIPA / Yelena Afonina/TASS/Sipa USA/SIP

Cher Monsieur François Burgat,

Puisque vous avez eu la courtoisie de me répondre (passons sur l'accusation de collusion avec l'État d'Israël qui est digne de la cour de récréation), permettez que je fasse la même chose, avec le procès d'intention puéril et désespéré en moins.

C'est vous qui avez fait le choix, dans votre livre, de présenter votre parcours familial et de suggérer que l'action des « chrétiens de gauche » de votre famille était le produit de la culpabilité vis-à-vis des méfaits de la frange colonialiste de votre parentèle.

Vous présentez explicitement cet épisode comme un moment déterminant de votre éveil politique. Vous ne m'en voudrez donc pas de m'approprier la grille de lecture que vous appliquez à votre propre famille et de vous l'appliquer.

Clichés orientalistes

Je concède que cette analyse n'est pas originale. Le sentiment arrogant et démiurgique que l'Occidental porterait le poids du monde sur ses épaules n'est pas très nouveau et ressemble à une énième hérésie chrétienne mal digérée, ce qui semble cohérent avec votre éducation religieuse. Tout le paradoxe de votre tiers-mondisme est qu'il est le premier pourvoyeur de clichés orientalistes qu'il prétend combattre, comme en témoigne votre phrase ô combien révélatrice et paternaliste qui soutient que « nous aurons les musulmans que nous nous donnerons ».

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