Lelandais, Alègre et Van Coppernolle... Pourquoi la justice réétudie leur parcours criminel

Lelandais, Alègre et Van Coppernolle... Pourquoi la justice réétudie leur parcours criminel

Nordahl Lelandais, Patrice Alègre ou Willy Van Coppernolle ont-ils fait d'autres victimes? Le parcours criminel de ces trois hommes, tous condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité, va être examiné dans les prochains mois. L'objectif: retracer leur parcours de vie et déterminer s'ils peuvent être impliqués dans d'autres crimes.

Si leur sort judiciaire semblait jusqu'alors scellé avec des condamnations à la perpétuité, ces trois criminels, comme l'a révélé Le Parisien, font aujourd'hui l'objet d'une information judiciaire lancée par le tout nouveau pôle judiciaire dédié aux crimes sériels et aux affaires non élucidées, c'est-à-dire les dossiers complexes, non résolus et pour lesquels les investigations n'avancent plus.

Nordahl Lelandais a été condamné pour les meurtres de la petite Maëlys et du caporal Arthur Noyer. Patrice Alègre pour cinq meurtres, une tentative de meurtre et six viols commis entre 1989 et 1997. Willy Van Coppernolle pour le meurtre d'un petit garçon de 11 ans en 1993 à Remoulins dans le Gard.

Le Belge a également été reconnu coupable de deux viols, ainsi que d'une trentaine de faits dans son pays. "À chaque fois qu'il a commis quelque chose d'horrible, il a bougé d'endroit, il était très mobile géographiquement", se souvient Me Paola Belotti qui intervenait en partie civile lors du procès du tueur en 1995.

"Son obsession, c'était de chercher et de trouver ses victimes", poursuit l'avocate.

Le précédent Fourniret

Les policiers de l'Office central pour la répression des violences aux personnes ou les gendarmes de la cellule Diane, selon les services d'enquête saisis, vont étudier le parcours de vie des ces trois criminels. Ce procédé ne part plus d'une scène de crime pour identifier un meurtrier mais plutôt de la vie de ces criminels pour déterminer s'ils peuvent être impliqués dans d'autres faits.

"Ils vont étudier leur vie, là où ils ont travaillé, où ils sont passés et à partir de là, les enquêteurs vont rechercher les crimes ou les enlèvements qui auraient été commis à ces endroits", a expliqué lors d'un recent colloque à l'institut de criminologie de Paris la juge Sabine Khéris.

"C'est quelque chose de révolutionnaire pour le droit français", a assuré la magistrate. "On ne travaille pas sur un fait mais sur une personne."

Ce nouveau procédé est permis par une récente modification législative: la nouvelle loi sur la confiance en l’institution judiciaire permet désormais aux magistrats du pôle judiciaire de se saisir du parcours de certains criminels. Cette méthode de travail a été largement inspirée de celle utilisée pour identifier Michel Fourniret comme l'auteur des meurtres de Joanna Parrish, Marie-Angèle Domece et Estelle Mouzin.

Malgré l'interpellation du tueur en série en 2003, et sa condamnation en 2008, la gendarmerie avait continué ses investigations et s'était interrogée sur le parcours meurtrier de Michel Fourniret. En particulier cette période "blanche" entre 1990 et 2000 pendant laquelle aucun crime n'avait pu lui être imputé. Face à la juge Khéris, le tueur a fini par reconnaître ces trois autres crimes.

"On ne les cherchait pas"

"En France, on a longtemps considéré que les tueurs en série étaient un épiphénomène, qu'il n'y avait pas de tueurs comme aux États-Unis", résume l'avocate Me Corinne Herrmann. "On ne les cherchait pas."

Dans le cas de Nordahl Lelandais, la cellule Ariane avait été mise en place en janvier 2018 afin d'effectuer des recoupements entre son parcours et 900 affaires d'homicides suspects ou de disparitions. 40 dossiers, dont 14 affaires classées prioritaires, étaient ressortis, sans que l'on sache ce que les investigations ont donné.

Des vérifications vont désormais être à nouveau menées dans le cadre de l'information judiciaire ouverte au pôle judiciaire de Nanterre.

Article original publié sur BFMTV.com