Législatives 2024 : maintien ou désistement, comment se placent les candidats macronistes ?

Alors que la majorité présidentielle a récolté 20% des voix, de nombreux représentants du camp Macron ont déjà donné leur consigne de vote pour le second tour, sans être forcément sur la même longueur d’onde.

Désireux de faire barrage au RN, le camp présidentiel reste divisé sur la position à adopter face à LFI (JULIEN DE ROSA / AFP)
Désireux de faire barrage au RN, le camp présidentiel reste divisé sur la position à adopter face à LFI (JULIEN DE ROSA / AFP)

Le verdict est tombé hier soir : avec un peu plus de 20% des voix, la majorité présidentielle est devancée de 8 points par le Nouveau Front Populaire et de 13 points par le RN (et ses alliés), au premier tour des élections législatives. Une déconfiture qui a invité plusieurs ministres, députés européens et figures d’Ensemble à donner des consignes de vote aux Français.

En effet, 305 triangulaires ont résulté du scrutin de ce dimanche 30 juin. Tandis que Les Républicains n’ont pas donné de consigne de vote et que le Nouveau Front Populaire a assuré, notamment par la voix de Jean-Luc Mélenchon, que leurs candidats se retireraient lorsqu’ils sont en troisième position, afin de mieux faire barrage au RN, les avis divergent dans le camp macroniste.

Très vite hier soir, le premier Ministre Gabriel Attal a appelé les candidats Ensemble à se désister lors de triangulaires où ils seraient en troisième position, afin d’éviter une victoire du candidat Rassemblement national (RN). Plusieurs candidats se sont exécutés, comme Albane Branlant, au profit de François Ruffin, dans la 1ère circonscription de la Somme, Vincent Saulnier en Mayenne ou encore Fadila Khattabi, candidate en Côte d’Or et ministre chargée des Personnes âgées et handicapées.

Nicole Belloubet, ministre de l'Éducation nationale, a soutenu l’idée de Gabriel Attal, en ajoutant qu’il pouvait y avoir "quelques exceptions, lorsqu'un candidat aurait manifesté des valeurs qui ne seraient pas républicaines", citant Louis Louis Boyard (candidat LFI en ballotage favorable dans le Val-de-Marne) pour appuyer son propos.

Yaël Braun-Pivet, ex-présidente de l'Assemblée nationale arrivée en tête du premier tour dans sa circonscription avec 42,80 % des voix, a abondé dans ce sens : "Aucune voix pour le Rassemblement National", demandait-elle ce matin aux électeurs, sur BFM TV.

"Je considère que l'immense majorité du bloc de gauche est républicain et qu'on peut sans difficulté appeler à voter pour eux", ajoutant qu’un cas par cas était possible selon les circonscriptions. "Je ne traite pas de la même façon Caroline Fiat et David Guiraud", précise-t-elle.

Le ministre de l'Industrie Roland Lescure a lui aussi appelé à "tout faire" pour empêcher une majorité absolue du RN.

Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a été plus radical. Ce lundi matin sur France Inter, il a appelé à voter pour un candidat "du camp social-démocrate", à savoir un candidat faisant partie du Parti socialiste, du Parti communiste ou des Écologistes, en cas de duel au second tour. Il refuse en revanche d'appeler à voter pour un candidat LFI.

L'opposition l'a immédiatement critiqué. La secrétaire d’EELV Marine Tondelier et la députée européenne Manon Aubry lui ont respectivement reproché "un comportement de lâche, pas à la hauteur de l'Histoire" et une "attitude de privilégiés". Sur BFM TV, Xavier Iacovelli, sénateur Renaissance, a répondu au ministre de l’Économie : "On ne peut pas mettre toute la gauche dans le même bateau. (…) Pour moi il y a un ennemi : c’est le Rassemblement National".

La décision de Bruno Le Maire a néanmoins été suivie entre autres par Charles Rodwell, député sortant et candidat pour la 1re circonscription des Yvelines.

Pas de compromissions non plus du côté de la ministre et députée sortante Aurore Bergé, qui ne "votera jamais pour un LFI" et de l’ex-Premier ministre Édouard Philippe, pour qui "aucune voix" ne devrait "se porter sur les candidats du Rassemblement national, ni sur ceux de la France insoumise".

Certains députés Ensemble, en revanche, ont choisi de ne pas écouter la consigne de Gabriel Attal et se comptent se maintenir dans leur circonscription. La députée sortante du pays d’Aix Anne-Laurence Petel, arrivée troisième derrière le RN et le NFP, a annoncé à son entourage qu'elle se maintiendrait. "Je suis la seule à pouvoir rassembler. (…) Pour battre le RN, c’est ma candidature qui peut le faire", a-t-elle assuré, selon Marsactu.

C’est également le cas de Clément Tonon, candidat Horizons arrivé 3ème en Dordogne, de Dominique Da Silva, représentant de Renaissance dans le Val d’Oise, de Valérie Rouverand dans le Gard ou encore de Sylvie Casenave-Péré (Ensemble), arrivée loin derrière la sœur de Marine Le Pen, Marie-Caroline Le Pen (RN) dans la Sarthe.

Tous qualifiés à la 3ème place pour le second tour des législatives, ils ont décidé de se maintenir face à leurs adversaires du RN et du NFP. Sylvie Casenave-Péré demande même à Élise Leboucher, candidate LFI arrivée deuxième, de se désister.

Même son de cloche chez une membre du gouvernement Macron. Devancée par le Parti Socialiste et le RN, la ministre déléguée Dominique Faure (Collectivités territoriales) se maintient. Évoquant l’alliance de son adversaire socialiste avec le Nouveau Front Populaire et donc avec LFI, elle assure "qu'elle voit mal comment [elle] donnerait à [s]es 22 800 électeurs comme seul choix de voter RN ou LFI".

Un sondage Elabe pour BFMTV paru vendredi 28 juin confirme qu'une majorité d'électeurs refuse désormais de faire "barrage" : 25% des électeurs macronistes appellent à un désistement de leur candidat s'il arrive en troisième position, pour faire battre un adversaire de gauche, 31% pour un adversaire lepéniste.

Parmi les électeurs du RN, seuls 18% appellent au désistement pour bloquer un candidat NFP.