Quand l'aventure commence mal et se termine par un fiasco

Les explorateurs n'ont pas tous connu des heures de gloire. Aveuglés par leur suffisance, déraisonnablement optimistes ou incroyablement entêtés, certains d'entre eux ont commis des erreurs parfois fatales. Illustration en quatre récits.

Cet article est issu du magazine Les Dossiers de Sciences et Avenir n°218 daté juillet/septembre 2024.

C'est pour contourner la domination portugaise dans le commerce des épices, produits précieux au 16e siècle, qu'une expédition normande navigue jusqu'à Sumatra en 1529. À sa tête, deux marins dieppois : les frères Jean et Raoul Parmentier. La navigation est difficile, le scorbut fait des ravages, mais Le Sacre et La Pensée finissent par atteindre leur destination.

Sûrs de leur bon droit

Hélas ! Les emplettes des deux capitaines seront loin d'être à la hauteur de leurs attentes. La raison de cet échec commercial ? Une totale méconnaissance des règles du jeu. Les Français ignorent les taux de change pratiqués dans l'archipel ainsi que les poids et mesures des vendeurs d'épices. Ils ne maîtrisent ni les langues ni les coutumes locales. Ils négligent donc une étape capitale : au port de Tiku, avant toute autorisation de négoce, un "présent au roi" est exigé.

Une formalité qu'ils rechignent à accomplir, l'interprétant comme un abus à leur encontre. Il s'agit pourtant d'une indispensable reconnaissance de l'autorité du sultan. Ils contestent ensuite les droits de douane et peinent à vendre les babioles - miroirs, coins de fer et tissus - apportées d'Europe, leur qualité étant trop faible pour le marché asiatique habitué aux porcelaines de Chine, aux cotonnades d'Inde ou aux bronzes de Java.

Lorsque les Normands découvrent que le sultan dispose en outre d'un droit d'achat prioritaire sur les épices, la paranoïa n'est pas loin… Ils doivent quitter, bredouilles, le port indonésien. Le pire reste à venir : une épidémie se déclare bientôt sur les deux navires, fauchant une partie de l'équipage, dont les deux frères. La Pensée et Le Sacre feront escale à Indrapura, autre port de Sumatra, où les survivants réussiront à récupérer à grand-peine 550 kilos de poivre. Maigre butin pour de si grandes espérances !

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