L'armée, une icône indétrônable ?

Malgré de nombreux appels à manifester contre la mainmise de l’armée sur le pouvoir, la mobilisation a été faible, le mardi 19 novembre, avec quelques centaines de manifestants seulement, selon les médias locaux. Pire, cette journée aura illustré
l’impasse
dans laquelle se trouve la révolution. La “place de la révolution était divisée”, selon le
journal Al-Shorouk, qui rapporte des “affrontements entre anti- et pro-Sissi autour de la place Tahrir”. “Les uns
scandaient des slogans hostiles aux militaires, aux “foulouls” [pontes de
l’ancien régime], et aux Frères musulmans, tous accusés d’avoir trahi la
révolution”, tandis que les autres “apportaient leur soutien au
général Abdelfattah Al-Sissi en ce 19 novembre, jour qui se trouve être son jour d’anniversaire”, note Al-Masri Al-Youm. Des militants pro-Sissi
collectaient même des signatures pour “l’allégeance à Sissi en tant que chef de
l’Egypte pour cinq ans, sans passer par des élections”.Stèle commémorativePourtant, la mémoire des événements de la rue Mohamed Mahmoud, qui se sont déroulés du 19 au 25 novembre 2011, est lourde de symboles. A tel point que le régime lui-même avait essayé de la récupérer, en envoyant le matin du 19 novembre le Premier ministre Hazem Beblaoui inaugurer sur la place Tahrir une stèle commémorative à la mémoire des victimes. Perçue comme une provocation, cette stèle a été détruite quelques heures plus tard, dans la soirée, par de jeunes révolutionnaires qui récusent l’idée que les actuelles autorités se revendiquent de la légitimité révolutionnaire. Pourquoi cette agitation autour de la date anniversaire des événements de la rue Mohamed Mahmoud ? “C’était la réplique la plus importante de la révolution du 25 janvier
2011”, analyse l’éditorialiste vedette Fahmy Al-Howeïdi dans Al-Shorouk. “C’était la deuxième vague de la révolution. La première vague avait été
dirigée contre le régime de l’ancien président Hosni Moubarak ; la deuxième
contre le régime militaire.”

En effet, pendant la semaine du 19 au 25 novembre 2011, une
sorte de guérilla urbaine avait opposé de jeunes révolutionnaires aux forces de
l’ordre, dans la rue Mohamed Mahmoud, adjacente à la place Tahrir. Or “la commémoration de ces événements rappelle que la revendication essentielle de la révolution n’est
pas encore satisfaite, à savoir la fin
du régime militaire”, rappelle Howeïdi, laissant sous-entendre que
l’Egypte serait toujours, au fond, sous la coupe de l’armée.

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