L'arbre du vivant retrace notre histoire

Trois branches principales et d'innombrables rameaux : telle est la représentation canonique, et plus ou moins sophistiquée, de l'ensemble du monde vivant. Aucune hiérarchie, seulement des liens de parenté entre espèces, mis au jour au fil des avancées scientifiques et technologiques.

Cet article est issu du magazine Les Indispensables de Sciences et Avenir n°215 daté octobre/ décembre 2023.

En 1950, l'entomologiste allemand Willi Henning posait les bases de la phylogénie : l'étude des liens de parenté entre les espèces à travers l'évolution. Une méthode adoptée aujourd'hui par tous les biologistes. "Toute espèce est le résultat d'un chemin évolutif qu'elle partage pour partie avec d'autres espèces, et qui lui est propre pour une autre part. Ces liens de parenté, on les retrouve retranscrits dans l'arbre du vivant", explique Gilles Escarguel, paléontologue et macroécologue à l'Université Lyon 1.

Willi Hennig Crédit : Gerd Hennig - Wikimedia commons
Willi Hennig Crédit : Gerd Hennig - Wikimedia commons

Willi Hennig. Crédits : Gerd Hennig - Wikimedia commons.

Nos patrimoines génétiques sont révélateurs à ce sujet : l'être humain possède plus de 98 % de gènes identiques à ceux du chimpanzé, 95 % pour le chien et 50 % pour le moustique. "Mais si nous ressemblons davantage à un singe qu'à un moustique, c'est que l'ancêtre commun que nous partageons avec le premier est plus proche dans le temps que celui que nous partageons avec le second", complète le scientifique.

Darwin plutôt que Linné

L'arbre de vie résulte d'une méthode dite "cladistique" : il s'agit de classer les espèces en déterminant des groupes, appelés clades, comprenant un ancêtre et la totalité de ses descendants. Ce qui les rassemble ? Une innovation évolutive, autrement dit, un caractère morpho-anatomique (bec, gésier, pouce opposable…) nouveau. Le clade des amniotes, par exemple, associe les vertébrés qui possèdent un amnios, ou sac amniotique, protégeant l'embryon ou le fœtus.

Ce classement des espèces par leurs liens de parenté avec des ancêtres disparus fut appelé en 1950 "systématique phylogénétique" par son concepteur. Il donne un sens biologique à la classification traditionnelle, héritée de Carl von Linné (18e siècle), et qui permet de ranger les êtres vivants dans des boîtes s'encastrant les unes dans les autres. Les clades s'organisent de la même manière, tout en respectant le prin[...]

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