L'ancien juge antiterroriste Marc Trévidic recommande de retirer les enfants de leur milieu familial radicalisé
Quel rôle ont joué le père et le frère de Mohammed Mogouchko dans sa radicalisation, avant qu'il ne passe à l'acte à Arras? Pour l'ancien juge antiterroriste Marc Trévidic, invité de BFMTV ce jeudi 24 octobre, l'influence familiale est indéniable dans le processus de radicalisation.
En plus de l'exemple d'Arras, il assure que Mohamed Merah, l'auteur des attentats de 2012 à Toulouse n'avait que "peu de chance" de ne pas devenir un extrémiste en raison de son entourage.
D'une manière générale, Marc Trévidic estime que "les chats ne font pas des chiens". Il dit avoir vu au cours de sa carrière des "papas qui montrent des photos d'égorgement à leurs enfants" ou prennent en photo "(leurs) enfants avec des kalachnikovs en plastique". Des processus qui, selon lui, ne peuvent mener qu'à l'extrémisme, et notamment au jihadisme.
"La seule solution qui existe est terrible. Je sais que même en l'évoquant c'est (risquer, NDLR) une levée de bouclier. Mais c'est de se dire 'c'est un enfant en danger, il faut le retirer du milieu familial'", juge-t-il sur notre antenne.
"Haine de l'occident"
L'expert reconnaît une solution "horrible". Mais il estime qu'elle peut permettre de "sauver" un enfant. Un recours qu'il n'a vu appliqué que "très rarement" tant il amène son lot de difficultés et de questionnements.
La première: "à partir de quel degré d'extrémisme religieux" peut-on juger nécessaire un éloignement? Mais aussi la question du lien maintenu - ou non - avec les parents après le placement en famille d'accueil?
Malgré le caractère difficile de cette décision, il juge qu'il s'agit du meilleur remède pour ces enfants "venus avec leurs parents parce qu'ils fuyaient une guerre". Et qui, une fois arrivés en France, "ont vécu comme ils le faisaient chez eux, en inculquant à leurs enfants la haine de l'occident, le salafisme (ou) le jihadisme".
L'ancien juge antiterroriste se veut cependant plus réservé sur une radicalisation à l'école. Si Gabriel Attal veut sortir des établissements les élèves radicalisés, Marc Trévidic est plus sceptique. Il estime que la première mission doit être de sortir l'enfant de son "milieu familial".