En lançant sa campagne pour les élections européennes, La France Insoumise se projette vers 2027

POLITIQUE - 2024 +3. À Villepinte ce samedi 16 mars, la France insoumise a lancé sa campagne pour les européennes du 9 juin avec au menu : ateliers formations des militants et présentation des derniers noms de la liste. Parmi eux, le fondateur du mouvement Jean-Luc Mélenchon qui, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article, a assumé de lancer une course de fond, dont l’arrivée rêvée se trouve à l’Élysée en 2027.

Élections européennes 2024 : ce que disent les sondages avant le premier débat télévisé avant le 9 juin

« On a le droit de dire que l’élection européenne de 2024 prépare l’élection présidentielle de 2027. Comme vous faites votre lit, vous vous couchez. Comme vous préparez votre soupe, vous la mangez. Eh bien comme vous préparez votre 2024, vous aurez votre 2027 ! », a lancé Jean-Luc Mélenchon.

« Ce n’est pas une élection simplement dirigée pour élire des députés européens. C’est la première fois que cette élection prendra la signification particulière d’un vote à mi-mandat d’une présidence interminable », fustige l’insoumis en chef. Les figures du parti sont alignées.

Depuis la scène centrale du Parc des Expositions, la tête de liste Manon Aubry place à son tour le scrutin dans la lignée du « chemin ouvert par les 22 % de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle, puis par la création de la NUPES sur un programme clair de rupture ». Et l’eurodéputée sortante de renouveler son appel aux « orphelins » de l’alliance de gauche.

Créer un espace entre Macron et Le Pen...

« Si on veut pour la suite pouvoir nous positionner le plus haut possible de façon qu’on arrête avec cet espace saturé par monsieur Bardella et monsieur Macron, il faut voter pour nous », exhorte de son côté Éric Coquerel au micro de franceinfo. Sur franceinfo, le coordinateur du mouvement Manuel Bompard est encore plus clair. Il encourage les électeurs à voter « pour envoyer un message qui dit que l’après Emmanuel Macron commence maintenant ».

À moins de 90 jours du scrutin, la France insoumise peine à se faire une place. Dans le sondage YouGov pour Le HuffPost réalisé entre le 26 février et 7 mars, la liste conduite par Manon Aubry perd deux points et se place derrière Raphaël Glucksmann (PS/Place publique) et Marie Toussaint (Les Écologistes), avec seulement 6 % des intentions de vote.

Mais hors de question de se laisser abattre. Jean-Luc Mélenchon fustige les « coups de barre sondagiers pour démoraliser ». « On me dit que je prends des risques, qu’on est bien bas aujourd’hui [dans les sondages]. Et alors ? On a déjà été plus bas », fait-il valoir. Le triple candidat à la présidentielle s’appuie sur son expérience électorale pour garder de la distance vis-à-vis des sondages : en 2022, alors qu’il était sondé entre 15 et 20 %, il a créé la surprise avec 22 % des suffrages au premier tour de la présidentielle.

Ce résultat inattendu s’expliquait en partie par la mobilisation « au dernier moment » des abstentionnistes « qui a bénéficié à Jean-Luc Mélenchon », analysait pour franceinfo Mathieu Gallard, directeur d’études à l’institut Ipsos. Les insoumis entendent bien réitérer l’exploit le 9 juin et multiplient pour cela les appels à la mobilisation.

... Et s’imposer à gauche

Ainsi, c’est un Jean-Luc Mélenchon presque offensif qui s’est adressé aux militants (3 000 selon les organisateurs) réunis à Paris-Nord en ces termes. « Vous qui avez placé vos votes sur moi, il paraît que vous n’êtes que 43 % à vouloir aller voter. Si vous abandonnez le combat, ne vous étonnez pas ensuite qu’il soit perdu », a-t-il martelé, replaçant de fait sa personne au centre du jeu, comme élément fédérateur.

Contrarier le duel Macron/Le Pen n’est pas le seul enjeu pour la France insoumise. Pendant des mois, Jean-Luc Mélenchon a fait de l’union aux européennes un préalable pour une candidature unique à gauche en 2027. L’union a fait long feu, mais socialistes et écologistes assurent vouloir discuter de 2027. Le résultat des européennes sera donc décisif pour savoir qui partira avec une avance lors des négociations.

En juin 2022, LFI s’était imposé comme le meneur naturel grâce au score de son candidat à la présidentielle et la campagne des législatives s’était faite autour de l’image de « Mélenchon à Matignon ». Écologistes, communistes et socialistes s’étaient alors pliés. Mais un mauvais résultat aux européennes - un score trop faible ou un écart trop grand avec la liste Glucksmann - rebattrait l’équilibre des forces.

À l’inverse, si LFI parvient à faire jeu égal avec ses adversaires, le mouvement aura un argument supplémentaire pour imposer un candidat, déjà tout trouvé pour une large partie des cadres. Et Jean-Luc Mélenchon de conclure : « Si on part de loin, comme vous le savez, à la fin la tortue sagace finit toujours par approcher du but ». Décidément pas « à la retraite » et de moins en moins « en retrait ».

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