L'actrice Sarah Grappin dénonce l’emprise du réalisateur Alain Corneau quand elle avait 16 ans

Inspirée par le témoignage de l'actrice Judith Godrèche contre Benoît Jacquot et Jacques Doillon, la comédienne Sarah Grappin a pris la parole mardi 13 février dans les colonnes de L'Obs pour dénoncer la relation d'emprise qu'elle a eue dans les années 1990 avec le réalisateur Alain Corneau alors qu'elle avait 16 ans et lui 52 ans.

Avec son témoignage, elle veut "dénoncer l'impunité et ses dégâts". Tout commence selon elle en 1994 sur le tournage du film Le Nouveau monde dont elle décroche le rôle principal. Sur le plateau, le réalisateur césarisé de Tous les matins du monde, mort en 2010, l'aurait embrassé. "Est-ce que tu veux m’embrasser?", lui aurait-il demandé.

"Sortir du déni"

Le metteur en scène l'invite alors dans des cafés, au restaurant et au cinéma avant de lui donner rendez-vous à son domicile. "Une fois, il m'a accueillie en sari indien, il s'est assis en tailleur et m'a mise à califourchon sur lui. Il m'a pénétrée avec ses doigts devant, derrière, et il a dit qu'on n'irait pas plus loin", détaille Sarah Grappin dans L'Obs.

La comédienne révèle dans l'hebdomadaire avoir subi de sa part à deux reprises des pénétrations digitales non consenties. Cette relation d'emprise dure un an et demi. "Tu n'es pas la seule à vivre ça, c'est arrivé à Judith Godrèche", lui aurait lancé le cinéaste.

"Très longtemps, j'ai été au-delà d'enjoliver, je me suis raconté une grande histoire d'amour pour survivre. Le travail des dernières années a été de sortir du déni", explique Sarah Grappin.

"Une révélation"

L'actrice commence à comprendre ce qu'elle a vécu en 2003, après la mort de Marie Trintignant, la belle-fille d'Alain Cornau. "Je visionne une interview d'Alain qui parle d'elle, de son rôle dans Série noire et... J'ai une révélation. Son regard et le champ lexical qu'il utilise sont identiques à ceux de nos tête-à-tête au Wepler."

"Dans ce film, Marie joue une fille prostituée de 16 ans qui saute sur Patrick Dewaere. Je comprends que la jeune actrice à la merci d’un homme plus vieux est sa ritournelle, ce qu'il veut filmer", complète Sarah Grappin.

Invitée par L'Obs à réagir à ces accusations, la réalisatrice Nadine Trintignant, veuve d'Alain Cornau, a estimé qu'elles étaient "ridicules". "Ces bêtises-là, j'en entends de tous les côtés, pas du tout sur Alain (...) Je n'ai pas envie qu'on dise n'importe quoi, surtout sur mon mari, qui est mort et ne peut plus se défendre."

Article original publié sur BFMTV.com