L’intelligence artificielle n’a pas fini de nous fasciner, aussi bien dans la musique, que le cinéma ou les livres

« I, Robot » avec Will Smith est sorti sur nos écrans en 2004.
« I, Robot » avec Will Smith est sorti sur nos écrans en 2004.

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE - Doit-on s’inquiéter des progrès fulgurants de l’intelligence artificielle ? Alors qu’Emmanuel Macron a dit vouloir aller « beaucoup plus vite et fort » en la matière, le monde de la Culture semble un peu plus méfiant, comme en témoigne la grève à Hollywood qui, en ce mois d’août, a franchi le cap des 100 jours.

Les scénaristes, comme les acteurs qui ont rejoint la mobilisation à la mi-juillet, veulent des garanties. Et pour cause, ces outils, dont le plus connu est ChatGPT, semblent capables d’élaborer des récits et d’organiser des intrigues. D’autres, comme l’IA générative, de créer aisément des voix et images de synthèse très réalistes.

L’inquiétude gagne du terrain, y compris dans la musique. « Je trouve que c’est une dinguerie. Mais en même temps, j’ai peur pour mon métier », a récemment soufflé Angèle dans une vidéo TikTok, en réaction à une fausse reprise d’elle d’un tube du rappeur Gazo générée par intelligence artificielle.

Fascination, inquiétudes, menace ou vraie plus-value… Durant l’été, Le HuffPost a choisi de s’intéresser à ce sujet brûlant - qui agite tous les champs culturels - dans un dossier à retrouver ci-dessous. Il est garanti sans robots et a été écrit par de vrais humains : nos journalistes.

Un nouveau « challenge »

Oui, l’IA peut faire peur, mais pour Benoît Carré, il faut prendre cette nouvelle technologie plutôt comme un vivier infini d’enrichissement pour la création artistique. Le musicien en est un sérieux défenseur, il est l’auteur d’un album exclusivement composé grâce à l’IA, Hello World (2018).

Très enjoué par cette utilisation, Benoît Carré reconnaît aussi toutes les possibilités vertigineuses qui peuvent inquiéter. « Les capacités de calcul dans ces nouvelles technologies sont exponentielles, tout va très vite et aujourd’hui quand on voit ce qu’il se passe avec la musique cela peut en effet devenir effrayant. »

L’IA dans la musique : un « outil révolutionnaire » qui pose un « nouveau challenge » aux artistes

Mais pour lui, il ne faut absolument pas balayer d’un revers de main cette avancée technique : « C’est aussi très challengeant, ça oblige les musiciens à être plus inventifs. » Un propos qui rappelle celui défendu par Alexandre Astier lors d’un entretien que nous avions réalisé au printemps.

Démêler le vrai du faux

Comme dans le cas de cette fausse reprise d’Angèle ou d’un duo du même genre entre Drake et The Weeknd, il est parfois très difficile de déceler le recours à l’intelligence artificielle dans la musique. Et il est encore plus difficile de s’en rendre compte quand « les voix originales, comme celles de Drake et de The Weeknd, sont déjà très traitées », nous a aussi précisé Benoît Carré.

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En revanche, ça ne marche pas à tous les coups. Et tous les chanteurs ne peuvent pas être imités à la perfection. Le timbre est « remplaçable », pas la puissance vocale. Comment ne pas se faire avoir ? Benoît Carré nous a donné quelques tips, à retrouver dans la vidéo ci-dessous.

La rentrée littéraire en rajoute

Du côté des livres, l’IA a toujours fasciné, notamment les récits d’anticipation ou de science-fiction, comme ceux de Iain M. Banks et son Cycle de la Culture, cette société galactique érigée en utopie où les limites de l’évolution humaine ont été atteintes.

À l’approche de la fin du mois d’août, date de coup d’envoi de la rentrée littéraire 2023, plusieurs nouveaux ouvrages se penchent sur le sujet : un roman dérangeant sur les émotions signé Yannick Grannec, un essai brillant du plasticien britannique James Bridle et une bande dessinée enrichissante sur ChatGPT baptisée Dream Machine.

La rentrée littéraire fait de la place à l’intelligence artificielle, la preuve avec ces trois sorties

Contrairement aux nouveaux Éric Reinhardt (Sarah, Suzanne et l’écrivain), Amélie Nothomb (Psychopompe) et Sorj Chalandon (L’enragé), ce ne sont pas les titres les plus attendus de la rentrée littéraire, mais ils ont, chez nous au HuffPost, attiré notre attention. On vous explique pourquoi dans l’article ci-dessus.

« Un avant et après ChatGPT »

Dans la fiction, et en particulier au cinéma, l’IA est souvent représentée de manière dystopique. On nous montre beaucoup le pire et rarement ce qu’elle nous apporte de bien.

Elle est parfois dotée d’émotions, comme dans HER, Wall-E ou Iron Man à la manière d’un compagnon de route bienveillant. Mais la plupart du temps, c’est sous la forme de robots à l’apparence humaine qu’on les représente. I, Robot, M3GAN, Terminator… Les exemples ne manquent pas et risquent d’évoluer.

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Selon l’historien Pierre-Antoine Marti, spécialiste des représentations du futur dans la littérature, « il y aura clairement un avant et après ChatGPT » dans notre représentation de l’IA au cinéma. De quoi faire de nous les héros d’histoires écrites par des IA ? Affaire à suivre.

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