L’intelligence artificielle, cette assoiffée

Fabuleuses sont les promesses de l’intelligence artificielle en matière de lutte contre le réchauffement climatique et d’adaptation à ses conséquences. Grâce à ses capacités d’analyse de grandes quantités de données, l’IA devrait bientôt être en mesure de surveiller la fonte des glaces de l’Arctique, de prévoir les feux de forêt, d’améliorer l’empreinte carbone de nos maisons, d’aider les compagnies aériennes à atteindre la neutralité carbone et même d’évaluer les risques d’inondation ou de sécheresse.

La sécheresse, justement. En Castille-La Manche, dans le centre de l’Espagne, une grosse partie de la récolte sera perdue cette année à cause du manque d’eau. Une catastrophe. Or, c’est précisément dans cette région, rapporte Bloomberg, que Meta, société mère de Facebook, envisage de construire un de ces gigantesques data centers qui abritent les systèmes informatiques sans lesquels aucun outil d’intelligence artificielle ne pourrait fonctionner.

À Talavera de la Reina, le projet a d’abord été très bien accueilli : on annonçait la création d’un millier d’emplois. Jusqu’à ce qu’on apprenne que Meta prévoit d’utiliser environ 665 millions de litres d’eau par an, dont 200 millions d’eau potable – avec des pointes à 195 litres à la seconde – afin de prévenir la surchauffe de ses supercalculateurs. C’est beaucoup pour une région déjà victime de stress hydrique. “L’enthousiasme suscité par les futurs emplois est désormais mis en balance avec les inquiétudes au sujet de l’eau”, écrit Bloomberg.

Ce qui arrive au pays de Don Quichotte n’est pas un cas unique. À West Des Moines, dans l’Iowa, il a fallu beaucoup, beaucoup d’eau, puisée dans les rivières américaines, pour refroidir jour et nuit les machines servant à entraîner GPT-4 – le modèle de langage conçu par OpenAI – installées au milieu des champs de maïs. Rien qu’en juillet 2022, le géant de l’informatique Microsoft, partenaire d’OpenAI, aurait pompé près de 45 millions de litres, selon le quotidien espagnol El País qui relaie une enquête d’Associated Press.

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