L’indépendantisme sikh empoisonne les relations entre Ottawa et New Delhi

Le ton continue de monter entre l’Inde et le Canada. Mardi 19 septembre, l’Inde a violemment réagi aux propos formulés par le Premier ministre canadien, Justin Trudeau. La veille, ce dernier avait accusé New Delhi d’être à l’origine du meurtre de Hardeep Singh Nijjar, indépendantiste sikh de 45 ans et citoyen canadien, survenu en juin dans la province de Colombie-Britannique.

“Dans une déclaration ferme”, le ministère des Affaires étrangères indien a jugé que ces accusations étaient absurdes et visaient à “détourner l’attention des activités des agents du Khalistan vivant au Canada, qui continuent de menacer la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Inde”, rapporte le quotidien indien The Hindu.

Dès lundi, le Canada a fait savoir qu’il avait ordonné l’expulsion d’un diplomate indien. New Delhi a pour sa part immédiatement convoqué le haut-commissaire canadien en poste en Inde et a également procédé à l’expulsion d’un diplomate canadien.

Deuxième communauté sikhe après l’Inde

Les Sikhs constituent moins de 2 % de la population indienne et vivent majoritairement dans l’État du Pendjab, situé dans le nord du pays, à la frontière avec le Pakistan. Les militants de la cause du Khalistan prônent l’indépendance de cette région et veulent en faire une nation gouvernée par les préceptes de la religion sikhe. Ils sont essentiellement actifs en dehors des frontières de l’Inde où vit la diaspora sikhe, au Royaume-Uni, aux États-Unis et surtout au Canada. Les Sikhs y représentent 2,1 % de la population et constituent le groupe religieux à la croissance la plus rapide du pays.

L’histoire du mouvement khalistan au Canada remonte à plus de quarante ans, explique The Indian Express. Reprenant la rhétorique du pouvoir indien, le quotidien affirme qu’“aujourd’hui, les législateurs et fonctionnaires sikhs siègent à tous les niveaux du gouvernement du Canada, et leur population en plein essor constitue l’un des groupes d’électeurs les plus importants du pays”.

Il suggère par ailleurs que, “au fil des ans, il y a eu de nombreux exemples d’activités anti-indiennes au Canada”, citant en exemple l’organisation d’un “défilé” à Brampton, dans la province de l’Ontario, le 4 juin. Lors de l’événement, des membres de la communauté sikhe auraient rejoué l’assassinat de l’ancienne Première ministre indienne Indira Gandhi, perpétré en octobre 1984 par ses gardes du corps sikhs. Cette action avait été menée en représailles de l’opération militaire ordonnée par la Première ministre contre le Temple d’Or d’Amritsar, lieu saint du sikhisme, qui avait fait des centaines de morts. “Une figure féminine était représentée dans un sari blanc taché de sang, les mains levées, tandis que des hommes enturbannés pointaient des armes sur elle. Une affiche derrière la scène disait ‘Vengeance pour l’attaque [du Temple d’Or]’.” La mise en scène macabre a été perçue par l’Inde comme une glorification de la violence séparatiste.

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