L’illusion du monde parfait des mamans d’Instagram
Leur feed Instagram est rempli de photos de leur salon parfaitement rangé, où jouent des enfants rayonnant de bonheur.
Ces images sont publiées par les momfluenceuses, des “femmes qui monétisent leurs activités de mère sur les réseaux sociaux”, résume Time. Et cette perfection semble tout à fait factice.
La momfluenceuse est souvent blanche, jeune (mais pas “trop jeune” non plus) et mince. Elle n’est “évidemment” pas une personne réelle, relève Vox, mais plutôt une co-construction marketing des influenceuses et des marques.
Les femmes prenant la majorité des décisions concernant les achats d’un ménage, note le magazine Inc., les momfluenceuses sont en effet très sollicitées par les publicitaires.
Leurs photos baignent dans une esthétique minimaliste. Un style qui véhicule un sentiment de contrôle et de responsabilité, qu’on estime vertueux chez les mères, résume Sara Petersen, autrice de l’ouvrage Momfluenced : Inside the Maddening, Picture-Perfect World, au Time.
Conséquence de cette perfection apparente : un sentiment d’infériorité chez certaines mères qui y sont confrontées. Au point qu’une femme a détruit les photos prises avec son bébé, relaie The Guardian. Un geste qu’elle regrette aujourd’hui.
Aux États-Unis, cet idéal de la maternité est profondément lié à la blanchité, explique Vox.
Une représentation traditionnelle qui perpétue “le sexisme, le racisme et le classicisme profondément ancré dans la conception américaine de la famille”, souligne Sara Petersen.
Dans leur discours, les momfluenceuses affirment que leur rôle de mère idéale découle d’un choix, et qu’il est donc forcément féministe.
Mais le féminisme en devient instrumentalisé, pointe du doigt Sara Petersen dans Guernica.
Cette déformation s’inscrit dans ce que les chercheurs nomment le “féminisme blanc”, explique l’autrice à ce magazine dédié à l’art.
C’est “un type de féminisme qui se soucie uniquement des problèmes rencontrés par les femmes blanches des classes moyennes”, résume le site américain Mashable. Les discriminations subies par les femmes racisées ne sont pas prises en compte.