L’illusion du monde parfait des mamans d’Instagram

Leur feed Instagram est rempli de photos de leur salon parfaitement rangé, où jouent des enfants rayonnant de bonheur.

Ces images sont publiées par les momfluenceuses, des “femmes qui monétisent leurs activités de mère sur les réseaux sociaux”, résume Time. Et cette perfection semble tout à fait factice.

La momfluenceuse est souvent blanche, jeune (mais pas “trop jeune” non plus) et mince. Elle n’est “évidemment” pas une personne réelle, relève Vox, mais plutôt une co-construction marketing des influenceuses et des marques.

Une momfluenceuse est une femme qui monétise ses activités de mère sur les réseaux sociaux. Souvent blanche, mince et jeune, elle est censée représenter une maternité idéale mais est en réalité une construction marketing.. PHOTO KAROLINA GRABOWSKA/PEXELS
Une momfluenceuse est une femme qui monétise ses activités de mère sur les réseaux sociaux. Souvent blanche, mince et jeune, elle est censée représenter une maternité idéale mais est en réalité une construction marketing.. PHOTO KAROLINA GRABOWSKA/PEXELS

Les femmes prenant la majorité des décisions concernant les achats d’un ménage, note le magazine Inc., les momfluenceuses sont en effet très sollicitées par les publicitaires.

Les momfluenceuses travaillent une esthétique minimaliste sur Instagram. Le minimalisme véhicule un sentiment de contrôle et de responsabilité, qu’on estime vertueux chez les mères.. PHOTO COTTONBRO STUDIO/PEXELS
Les momfluenceuses travaillent une esthétique minimaliste sur Instagram. Le minimalisme véhicule un sentiment de contrôle et de responsabilité, qu’on estime vertueux chez les mères.. PHOTO COTTONBRO STUDIO/PEXELS

Leurs photos baignent dans une esthétique minimaliste. Un style qui véhicule un sentiment de contrôle et de responsabilité, qu’on estime vertueux chez les mères, résume Sara Petersen, autrice de l’ouvrage Momfluenced : Inside the Maddening, Picture-Perfect World, au Time.

Dans “Momfluenced : Inside the Maddening, Picture-Perfect World au Time”, Sara Petersen interroge la place de la maternité dans la société.. Photo PENGUIN RANDOM HOUSE
Dans “Momfluenced : Inside the Maddening, Picture-Perfect World au Time”, Sara Petersen interroge la place de la maternité dans la société.. Photo PENGUIN RANDOM HOUSE

Conséquence de cette perfection apparente : un sentiment d’infériorité chez certaines mères qui y sont confrontées. Au point qu’une femme a détruit les photos prises avec son bébé, relaie The Guardian. Un geste qu’elle regrette aujourd’hui.

Mme Herbster et sa fille, dans les années 1940, aux États-Unis. Selon une étude du Pew Research Center publiée en mai, 88 % des mères américaines affirment qu’être un parent est un des aspects les plus importants de leur identité en tant que personne.. PHOTO Library of Congress, Prints & Photographs Division, Farm Security Administration/Office of War Information Black-and-White Negatives

Aux États-Unis, cet idéal de la maternité est profondément lié à la blanchité, explique Vox.

Une représentation traditionnelle qui perpétue “le sexisme, le racisme et le classicisme profondément ancré dans la conception américaine de la famille”, souligne Sara Petersen.

Dans leur discours, les momfluenceuses affirment que leur rôle de mère idéale découle d’un choix, et qu’il est donc forcément féministe.

Mais le féminisme en devient instrumentalisé, pointe du doigt Sara Petersen dans Guernica.

Cette déformation s’inscrit dans ce que les chercheurs nomment le “féminisme blanc”, explique l’autrice à ce magazine dédié à l’art.

C’est “un type de féminisme qui se soucie uniquement des problèmes rencontrés par les femmes blanches des classes moyennes”, résume le site américain Mashable. Les discriminations subies par les femmes racisées ne sont pas prises en compte.

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