Comme l’homme, l’aye-aye fait partie des animaux qui se curent le nez

ANIMAUX - Quand des scientifiques ont pris sur le fait et en vidéo un Aye-aye utilisant les huit centimètres de son étrangement fin majeur pour se curer le nez, ils se sont posé une question plus générale : pourquoi certains animaux mangent leurs propres crottes de nez.

L’Aye-aye, un petit lémurien nocturne doté de grandes oreilles et vivant à Madagascar, est devenu le 12e primate connu pour pratiquer ce genre d’exploration nasale. Il s’y trouve en noble compagnie, avec rien moins que le gorille, le chimpanzé, le macaque, et bien entendu l’Homme.

Les chercheurs ont découvert la chose « par chance », a dit à l’AFP Anne-Claire Fabre, professeure assistante à l’Université suisse de Berne et première auteure de l’étude parue cette semaine dans la revue Zoology.

Elle a remarqué la chose sur la vidéo d’une femelle nommée Kali, filmée au Centre des lémuriens Duke, en Caroline du Nord (États-Unis), en 2015.

On y voit l’animal « introduire complètement son majeur extra-long, maigre et très mobile dans sa cloison nasale avant de lécher le mucus récolté », explique-t-elle.

Un majeur particulièrement long et fin

Toutes les espèces adeptes de la chose ont pour ce faire de « fines capacités de manipulation », remarque la chercheuse. Le doigt du milieu de l’Aye-aye, outre sa longueur et sa finesse, est doté d’une seule jointure médiane, qu’il utilise pour toquer les branches, à la recherche des larves qui se cachent à l’intérieur.

La première chose que s’est demandée la chercheuse en regardant la vidéo a été de savoir jusqu’où l’animal introduisait son appendice. Pour le voir, la chercheuse qui a aussi un poste au Muséum d’Histoire Naturelle de Londres, a analysé un crâne d’Aye-aye au scanner.

Avant d’en conclure que son doigt arrivait sans doute jusque dans la gorge. « Il n’y a pas d’autre possibilité. Sinon ce serait directement dans le cerveau, et il en mourrait », dit Anne-Claire Fabre.

La question reste en suspens

Mais quant à savoir pourquoi l’Aye-aye, et certains primates, mangent leurs crottes de nez, c’est une autre paire de manches. Les chercheurs ont revu la littérature scientifique sur le sujet, qui se contente « pour l’essentiel d’en faire un sujet de blagues », selon elle.

Une étude a suggéré que cette pratique pouvait disséminer des bactéries de façon nocive. Une autre en revanche a conclu que l’absorption de mucus pouvait empêcher des dépôts de bactéries sur les dents.

Alors pourquoi y a-t-il aussi peu de recherche sur le sujet ? « Je crois qu’on n’a pas cherché à en savoir plus parce qu’on a juste trouvé ça dégoûtant », dit Anne-Claire Fabre. Ce qui est surprenant car il existe beaucoup de recherche sur la coprophagie, qui consiste à ingérer ses excréments.

L’Aye-aye, quant à lui, est une espèce en grand danger de disparition, car il est perçu comme un animal portant un mauvais sort, selon la chercheuse.

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