« L’Heure de vérité » : les politiques au supplice chinois

Jean-Marie Le Pen, invité pour la première fois en 1984.  - Credit:CHESNOT/SIPA / SIPA / CHESNOT/SIPA
Jean-Marie Le Pen, invité pour la première fois en 1984. - Credit:CHESNOT/SIPA / SIPA / CHESNOT/SIPA

La musique retentit et dit tout du programme. La nouvelle émission politique d’Antenne 2 sera nerveuse, rock & roll et efficace. Le 20 mai 1982, Jacques Delors essuie les plâtres de cette Heure de vérité proposée par François-Henri de Virieu, directeur de l'information de la chaîne publique. Première interrogation, premier piège. « J'ai vu que vous écoutiez avec attention la musique du générique de cette émission. Je vais vous poser une question, vous qui êtes un mélomane averti. Avez-vous reconnu cette musique ? » demande Virieu. Première (petite) erreur. « Je peux me tromper, mais c'est "Live And Let Die" des Beatles », susurre, presque impressionné, le ministre de l'Économie. Il s'agit en fait de Paul McCartney et de son groupe, The Wings. Le choix de cette chanson, générique du premier James Bond « made in » Roger Moore, ne doit rien au hasard : à l'instar de l'espion britannique, le politique va subir nombre d'épreuves et être cuisiné par la fine fleur du journalisme français.

Figure des émissions politiques dans les années 1970 et toujours éditorialiste sur Europe 1, Alain Duhamel se fait plus rare à la télévision. Dans l'ombre, il réfléchit à un nouveau concept. « L'idée m'est venue, assez simple en fait, mais inédite, d'un présentateur meneur de jeu et de trois journalistes intervieweurs se succédant chacun un quart d'heure pour interroger un invité unique, écrit dans ses Mémoires* l'actuel consultant de BFMTV. L'objectif était de créer un rythme di [...] Lire la suite