L’Haÿ-les-Roses: attaque à la voiture bélier enflammée contre la maison du maire, ce que l’on sait

VIOLENCES URBAINES - Pour le parquet de Créteil, les faits sont clairs. Il s’agit d’une tentative d’assassinat. Dans la nuit du samedi 1er au dimanche 2 juillet, le domicile du maire de la commune de L’Haÿ-les-Roses dans le Val-de-Marne a été pris pour cible. Une attaque condamnée unanimement par la classe politique, et après laquelle Élisabeth Borne a annoncé qu’elle se rendait sur place ce dimanche.

Vincent Jeanbrun, maire de cette ville de 30 000 habitants et porte-parole des Républicains n’étaient pas présent au moment des faits, survenus pendant la cinquième nuit de violences liée à la mort du jeune Nahel, tué par un policier à Nanterre durant un contrôle de police.

Une enquête a d’ores et déjà été ouverte ce dimanche 2 juillet et le procureur de la République de Créteil a fait un premier bilan des éléments disponibles à ce stade de l’enquête.

· Un véhicule enflammé dans l’enceinte du pavillon

Alors que Vincent Jeanbrun se trouvait à la mairie, « compte tenu du contexte de violences urbaines », vers 1 h 30 du matin, la famille de l’édile a été réveillée par « un véhicule enflammé qui a pénétré dans l’enceinte du pavillon », a commencé par expliquer Stéphane Hardouin, procureur de la République de Créteil.

L’enquête a débuté pour établir les circonstances de l’attaque à la voiture bélier qui a ciblé la maison du maire de cette commune du Val-de-Marne.
L’enquête a débuté pour établir les circonstances de l’attaque à la voiture bélier qui a ciblé la maison du maire de cette commune du Val-de-Marne.

« Le véhicule a été stoppé avant d’atteindre la véranda de la maison. Le véhicule a semble-t-il été stoppé par un muret », ajoute-t-il. Ce muret a permis d’éviter des dégâts au de-là du portail de la maison et du véhicule familial qui était garé devant, selon les premières constatations.

« Entendant du bruit et voyant les flammes, l’épouse du maire et ses deux enfants ont pris la fuite par le jardin arrière », a ensuite relaté le procureur.

Selon l’entourage du maire à l’AFP, les auteurs ont mis le feu à la voiture-bélier mais aussi à celle de la famille, avant d’être mis en fuite par la police et les pompiers, « intervenus très rapidement » .

· La femme du maire blessée

L’épouse de Vincent Jeanbrun qui est d’ailleurs conseillère départementale du Val-de-Marne se serait alors blessée durant cette fuite. BFMTV indique par ailleurs que la mère et ses enfants étaient visés par des tirs de mortiers au moment de leur fuite.

Blessée, l’épouse du maire souffre d’« une blessure assez sérieuse », selon le procureur qui a évoqué un « tibia cassé ».

Quant aux deux enfants, âgés de 5 et 7 ans, comme l’a précisé Stéphane Hardouin, ils sont « très, très choqués » selon une source proche du maire à l’AFP. L’un d’entre eux « a été légèrement blessé » selon cette même source, mais le procureur n’a en revanche pas communiqué sur leur état de santé.

Plus tard, Vincent Jeanbrun a fourni des nouvelles de sa compagne, qui sera « opérée à 13 heures » ce dimanche. Actuellement sous morphine, « elle a découvert qu’elle ne marcherait pas pendant trois mois », a aussi confié le maire.

« Elle est surtout inquiète pour les enfants, c’est notre première préoccupation », ajoute-t-il, alors que leur enfant blessé « est tombé » et « s’est fendu l’arcade ».

· Enquête ouverte pour « tentative d’assassinat »

Après avoir pris connaissance des faits, Stéphane Hardouin a donc saisi le service départemental de la police judiciaire du Val-de-Marne. Sur place ce dimanche matin, les enquêteurs présument que « le véhicule a été lancé pour brûler le pavillon » familial, « compte tenu de l’obstacle qui a interrompu sa course ».

Si les investigations de la police scientifique sont toujours en cours sur les lieux du drame, le procureur a annoncé qu’un « accélérant a été découvert dans une bouteille de Coca », confirmant la piste d’un acte criminel prémédité.

Reliant ces faits aux « dégradations et exactions commises sur la mairie de L’Haÿ-les-Roses », notamment durant « les nuits de jeudi à vendredi et de vendredi à samedi », le parquet a choisi de retenir la qualification de « tentative d’assassinat » pour l’enquête ouverte, compte tenu de la « gravité extrême des faits ».

« Tout sera mis en œuvre pour confondre les auteurs et les traduire devant la justice », a fini par promettre Stéphane Hardouin avant de mettre un terme à cette première conférence de presse.

Laurent Nunez, préfet de police de Paris a assuré de son côté que le maire bénéficiera d’une « protection renforcée » après l’attaque de son domicile. « Évidemment, nous assurerons une protection renforcée », a-t-il indiqué.

· La réaction du maire

Ce dimanche, le maire de L’Haÿ-les-Roses s’est fendu d’un communiqué pour dénoncer « un cap » franchi dans « l’horreur et l’ignominie », tandis que l’entourage du maire a dénoncé une attaque « savamment orchestrée, sans considération pour les vies à l’intérieur de la maison ».

Le maire du chef-lieu d’arrondissement a été le premier à dénoncer « une tentative d’assassinat d’une lâcheté inqualifiable », un chef d’accusation repris depuis par le parquet pour son enquête.

Vincent Jeanbrun et sa famille ont depuis reçu de nombreux messages de soutien depuis cette attaque nocturne, en marge des violences urbaines qui émaillent l’Hexagone depuis mardi et la mort du jeune Nahel, 17 ans, tué par un policier à Nanterre. Un décès qui a entraîné une vague de colère et violence dans un certain nombre de grandes et moyennes villes de France.

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