L’exécution de Mohsen Sheka en Iran rappelle que la peine de mort y est une arme de répression

L’Iran a pendu Mohsen Shekarimer après l’avoir reconnu coupable d’avoir blessé un membre d’une force paramilitaire, a déclaré le pouvoir judiciaire, la première exécution connue à laquelle il a procédé depuis près de trois mois de manifestations. Des manifestations ont eu lieu en Iran pendant près de trois mois depuis la mort d’Amini, arrêtée par la célèbre police des mœurs de Téhéran pour avoir prétendument enfreint le code vestimentaire strict du hijab pour les femmes (photo AFP).

IRAN - La peine de mort pour instiller la peur et réprimer encore davantage les contestations. L’Iran a exécuté ce jeudi 8 décembre un homme, Mohsen Shekari, pour la première fois depuis le début des manifestations qui secouent le pays depuis la mi-septembre. Cet acte a suscité de nombreuses condamnations à l’étranger et des mises en garde d’organisations de défense des droits humains sur de nouvelles pendaisons imminentes. L’inquiétude est d’autant plus forte que des exécutions de masse de prisonniers politiques ont déjà eu lieu en Iran dans les années 80.

Mohsen Shekari, 23 ans, avait été reconnu coupable et condamné à mort pour avoir bloqué une rue et blessé un paramilitaire au début des manifestations. La procédure judiciaire qui s’est ensuivie a été qualifiée de « procès-spectacle » par des groupes de défense des droits humains.

Une « campagne de condamnations à mort »

Amnesty International s’est dit « horrifié » par l’exécution, qui, selon l’ONG, est intervenue trois semaines seulement après la condamnation de Mohsen Shekari dans un « simulacre de procès très injuste »« Son exécution expose l’inhumanité du soi-disant système judiciaire iranien alors que des dizaines d’autres risquent le même sort », ajoute Amnesty.

Au moins une dizaine d’autres personnes risquent d’être exécutées de manière imminente après avoir été condamnées à la pendaison en lien avec les manifestations, ont averti les associations de protections des droits humains. Javaid Rehman, le rapporteur spécial de l’ONU sur l’Iran, alerte à la radio RFI sur une véritable « campagne de condamnations à mort ». D’après lui, 21 personnes sont menacées d’exécutions.

Au moins 28 personnes, dont trois mineurs, pourraient être exécutées en lien avec la contestation, a indiqué de son côté le 2 décembre Amnesty. Le mouvement de contestation déclenché par la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans décédée après son arrestation par la police des mœurs, est utilisé comme prétexte par les autorités pour perpétrer de nouveaux massacres. « Mais aussi d’intensifier le recours à la peine de mort comme outil de répression politique », dénonce Amnesty sur son site.

Des exécutions de masse de prisonniers politiques de 1981 à 1989

Un acte d’intimidation qui n’a malheureusement rien de nouveau. La peine de mort est utilisée massivement depuis au moins trente ans par l’Iran pour réprimer les Iraniens et Iraniennes qui se rebellent comme la république islamique.

« Le régime iranien n’est pas étranger aux exécutions massives de prisonniers politiques. C’est l’un des régimes les plus brutaux de la planète », rappelle Shayan Sardarizadeh, journaliste de la BBC spécialiste du régime iranien, sur son compte Twitter le 15 novembre. « En 1988, après un décret de son fondateur, l’ayatollah Khomeini, le régime a exécuté entre 2 500 et 30 000 prisonniers politiques. Le nombre exact est inconnu », explique-t-il encore.

Les exécutions massives d’hommes et femmes faits prisonniers politiques, ont eu lieu dans les prisons du pays de 1981 à 1989, précise le quotidien britannique The Guardian. Selon Amnesty International, environ 4 500 personnes, dont de nombreux adolescents et membres de groupes de gauche, sont mortes au cours du seul été 1988. The Time parle, lui, de « milliers de prisonniers politiques » exécutés pendant les années 80, sous la direction d’Ebrahim Raeesi, l’actuel président iranien qui était à l’époque le chef du pouvoir judiciaire, dans un article publié le 17 novembre.

Amnesty rappelle que le régime exécute davantage de condamnés que n’importe quel autre pays, excepté la Chine. Avant même le début des manifestations, le nombre d’exécutions en Iran avait dépassé les 400 personnes pour la première fois en cinq ans selon le Haut-Commissaire aux droits de l’Homme de l’ONU.

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