L’attentat en Iran revendiqué par le groupe terroriste État islamique, après que Téhéran a accusé Israël

Mercredi 3 janvier, des dizaines de personnes ont été tuées en Iran en marge de commémorations en l’honneur du général Qassem Soleimani. Le groupe terroriste État islamique a revendiqué l’attentat, commis par deux kamikazes.
- / AFP Mercredi 3 janvier, des dizaines de personnes ont été tuées en Iran en marge de commémorations en l’honneur du général Qassem Soleimani. Le groupe terroriste État islamique a revendiqué l’attentat, commis par deux kamikazes.

MOYEN-ORIENT - Dans le contexte inflammable du conflit à Gaza, l’Iran avait rapidement accusé Israël et son allié américain. Mais ce jeudi 4 janvier, c’est le groupe terroriste État islamique qui a revendiqué, dans un message publié sur Telegram, l’attaque qui a fait près de cent morts et 300 blessés la veille, en marge d’un hommage au général Qassem Soleimani.

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Dans son texte de revendication, l’organisation terroriste félicite deux kamikazes, responsables donc des explosions qui ont retenti mercredi à Kerman, au sud-est de Téhéran. Les deux hommes ont employé pour cela des ceintures d’explosifs.

Jihadistes de l’EI contre pouvoir de Téhéran

La revendication par les jihadistes sunnites du groupe État islamique d’une attaque menée contre la principale puissance chiite (qui soutient une multitude de groupes armés tels que le Hezbollah libanais ou les Houthis yéménites) dénote donc de problématiques internes à l’Iran davantage que du contexte général dans la région. Le régime de Téhéran est en effet régulièrement attaqué de l’intérieur, notamment par des groupes religieux et séparatistes. Une dimension que l’on retrouve dans le communiqué de l’EI, qui se félicite d’explosions au milieu « d’un grand rassemblement d’apostats, près de la tombe de leur leader ».

Cette opération s’inscrit dans le cadre d’une campagne baptisée « Et tuez-les partout où vous les trouvez », précise encore le communiqué. Quelques minutes avant la revendication, l’EI avait déjà diffusé un enregistrement audio de son porte-parole affirmant que cette campagne était menée « en soutien aux musulmans où qu’ils se trouvent, notamment en Palestine ».

Après qu’un bilan de plus de cent victimes a d’abord été annoncé, les autorités iraniennes évaluent désormais à 84 le nombre de morts causés par cette attaque, perpétrée près de la mosquée Saheb al-Zaman contre une cérémonie saluant la mémoire de Qassem Soleimani, maître espion iranien et architecte de la stratégie militaire de Téhéran, abattu quatre ans plus tôt dans une frappe de drone américaine.

Le pire attentat en Iran depuis plus de 40 ans

Au soir du drame, le régime iranien avait rapidement dénoncé la responsabilité de l’État hébreu et des États-Unis. « La responsabilité de ce crime incombe aux régimes américain et sioniste, et le terrorisme n’est qu’un outil », avait ainsi accusé Mohammad Jamshidi, un conseiller politique du président iranien, sur X (anciennement Twitter). Une idée corroborée par le général Esmaïl Qaani, chef de la force Qods en charge des opérations militaires extérieures de l’Iran.

Ces accusations ont vite été balayées par les Américains, mais les dirigeants israéliens ont refusé de les commenter, laissant planer le doute quant à leur implication, au lendemain déjà d’une frappe ayant servi à éliminer l’un des principaux chefs du Hamas dans la banlieue de Beyrouth, au Liban.

Après l’attentat contre l’hommage au général Soleimani, l’ayatollah Ali Khamenei, avait promis une « réponse sévère » contre les commanditaires, « ennemis diaboliques et criminels de la nation iranienne ». Une sortie qui fait craindre encore un peu plus un embrasement de la région, déjà éreintée par près de trois mois de conflit à Gaza depuis l’attaque du Hamas contre Israël, le 7 octobre, et la réponse impitoyable de l’État hébreu contre l’enclave palestinienne.

L’attentat de mercredi est le plus meurtrier à être mené en Iran depuis 1978, selon les archives de l’Agence France presse. À l’époque, un incendie criminel avait fait au moins 377 morts dans un cinéma d’Abadan.

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