L’Anses en appelle à l’UE pour « limiter voire interdire » ces produits utilisés dans les lissages brésiliens

Dans un nouvel avis, l’Anses confirme le lien entre l’acide glyoxylique utilisé dans les produits de lissage brésilien et l’apparition d’insuffisances rénales aiguës
GabrielPevide / Getty Images Dans un nouvel avis, l’Anses confirme le lien entre l’acide glyoxylique utilisé dans les produits de lissage brésilien et l’apparition d’insuffisances rénales aiguës

SANTÉ - Les produits lissants capillaires contenant de l’acide glyoxylique ne devraient plus être autorisés car ils peuvent causer une insuffisance rénale aiguë. Voici la conclusion à laquelle est arrivée l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses).

Les produits de lissage brésilien déconseillés face à des risques sanitaires pour les reins

Dans un communiqué publié ce jeudi 23 janvier, elle invite à ne plus les utiliser et appelle l’Union européenne à se prononcer sur la limitation, voire l’interdiction, de cette substance dans les cosmétiques.

Des dommages rénaux avérés

Mi-octobre, l’Anses avait déjà déconseillé aux salons de coiffure et aux particuliers d’utiliser les produits dits de lissage brésilien, et aux commerces de les vendre. L’agence avait alors indiqué agir par précaution, dans l’attente des conclusions d’une expertise, après trois signalements d’effets indésirables graves chez des femmes ayant fait un lissage brésilien dans un salon de coiffure. Le Dr Juliette Bloch, directrice des alertes et des vigilances sanitaires à l’Anses avait alors déclaré à l’AFP que lorsque l’acide glyoxylique « passe dans le sang par le cuir chevelu », il peut « se transformer en cristaux d’oxalate » de calcium, qui vont causer des dommages rénaux. « Il est très probable que d’autres cas soient passés sous les radars : parfois, la personne va aller boire et les cristaux vont s’éliminer, cela passera donc inaperçu. Et même s’il y a eu des insuffisances rénales diagnostiquées dans les heures qui suivent, la personne peut ne pas faire le lien », avait-elle poursuivi.

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Dans son nouvel avis, et s’appuyant aussi sur des études scientifiques, l’Anses juge cette fois-ci « fortement probable » que l’acide glyoxylique ait causé ces trois cas d’insuffisance rénale aiguë. L’agence sanitaire recommande donc qu’une évaluation des risques soit réalisée au niveau européen, « pour limiter, voire interdire l’utilisation de cette substance », dont la teneur peut aller jusqu’à 25 % dans les soins capillaires.

Elle souhaite aussi que soient identifiés d’autres produits pouvant « se dégrader en acide glyoxylique » et « susceptibles de libérer du formaldéhyde, substance cancérogène, lors de la phase de chauffe des cheveux ».

Pas d’encadrement au sein de l’Union européenne

Une fois cet avis relayé par les autorités françaises, la Commission européenne devra saisir son comité scientifique pour la sécurité des consommateurs (CSSC), seul habilité à encadrer l’usage d’une substance via le règlement cosmétique européen. À ce jour, l’acide glyoxylique n’ayant jamais été évalué au niveau de l’UE, son utilisation n’est ni encadrée ni limitée.

En revanche en Israël, les produits de lissage capillaire contenant de l’acide glyoxylique sont interdits depuis 2022 - « mais pas ceux contenant des dérivés », précise l’Anses. Dans ce pays, de 2019 à 2022, 26 cas d’insuffisance rénale aiguë sévères consécutifs à l’utilisation de produits de lissage capillaire (provoquant douleurs abdominales et lombaires, nausées, vomissements, éruptions cutanées) ont été identifiés et jugés imputables à cette substance.

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Comme en France, après une réhydratation des patientes, la fonction rénale est ensuite revenue à la normale. L’acide glyoxylique entre aussi dans la composition de produits de nettoyage et d’ameublement (il inhibe la corrosion notamment) ou de tannage.

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