L’anglais, une langue métissée ou hégémonique ?

La lexicographe Danica Salazar participe à l’élaboration du célèbre dictionnaire Oxford English Dictionary (OED). Elle travaille en particulier sur les apports étrangers à la langue anglaise, parlée par 1,75 milliard de personnes dans le monde, dont la moitié ne sont pas des locuteurs “natifs”. Dans le Guardian, elle explique que “la prédominance de l’anglais en tant que langue de la science, de la technologie, des affaires, de la diplomatie et du divertissement a fortement incité de nombreuses personnes à travers le monde à acquérir la langue”. En retour, ils lui offrent de nombreux mots et expressions “pour mieux exprimer leurs identités, leurs cultures et leurs réalités quotidiennes”.

Malheureusement, Danica Salazar souligne que “beaucoup valorisent la pureté de la langue plutôt que la diversité et considèrent les influences externes comme une menace pour l’intégrité d’une langue”, alors que “l’emprunt de mots fait partie de l’évolution naturelle de toutes les langues vivantes”. L’anglais est d’ailleurs connu pour absorber particulièrement facilement des éléments étrangers. Ce phénomène s’est accentué avec l’accélération des communications numériques et le fait que la plupart des gens sont en réalité multilingues. Il faudrait donc en finir avec “les préjugés linguistiques qui entraînent la discrimination de ceux qui n’utilisent pas les ‘bons’ mots ou qui parlent avec le ‘mauvais’ accent”.

Le New Yorker consacre justement un long exposé sur le rapport que l’écrivain J.M. Coetzee entretient avec la langue anglaise, car ce Prix Nobel de littérature vient de publier le roman El Polaco en espagnol (bien qu’il l’ait d’abord rédigé en anglais). L’intrigue raconte l’histoire d’amour entre Witold, un pianiste polonais, et Beatriz, une mélomane catalane. Ils tentent de communiquer dans un “anglais global”, mais cette langue, impersonnelle, ne leur permet pas de s’exprimer pleinement.

“Je n’aime pas la façon dont l’anglais s’empare du monde”, avait déclaré J.M. Coetzee lors du festival littéraire de Hay à Carthagène, en Colombie, en 2018.

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