L’affaire Depardieu a poussé Isabelle Carré à reparler de l’agression sexuelle qu’elle a subie enfant

Isabelle Carré, ici au mois d’août 2022, à Angoulême.
Marc Piasecki / Getty Images Isabelle Carré, ici au mois d’août 2022, à Angoulême.

VIOLENCES SEXUELLES - L’affaire Depardieu a relancé Isabelle Carré. Dans les colonnes du dernier numéro du magazine ELLE, l’actrice française est revenue sur l’agression sexuelle dont elle a été victime à l’âge de 11 ans dans le cadre d’une tribune forte contre les violences sexistes et sexuelles, publiée avant celle du Figaro en soutien à l’acteur de 75 ans.

La tribune de soutien à Gérard Depardieu « rappelle furieusement l’Ancien Régime »

« Un homme m’a arrêtée dans la rue, pour un renseignement, pensais-je. À ma grande surprise, il s’agissait d’autre chose, il s’agissait de toucher et commenter ma poitrine naissante », se souvient-elle. C’est la deuxième fois qu’elle revient sur ce moment, la première étant en 2020, là aussi dans les colonnes du ELLE.

« Je ne raconterai pas davantage ce qui s’est passé quand, à 16 ans, j’ai voulu quitter mon copain. Je ne parlerai pas non plus de mes débuts de comédienne, je les ai couchés dans un roman, mélangeant ma propre expérience à celles de plusieurs camarades », écrit-elle dans ce nouveau texte, mis en ligne sur le site de l’hebdomadaire, ce mercredi 27 décembre.

Elle s’interroge : « N’est-ce pas étonnant qu’il faille attendre cinquante ans pour signifier à un acteur que son comportement avec les assistantes, les habilleuses, ses partenaires n’est pas acceptable, même sous prétexte de gauloiseries ? »

César de la meilleure actrice en 2003 pour son rôle dans Se souvenir des belles choses, Isabelle Carré est parmi les rares personnalités du cinéma français à parler ouvertement des violences sexuelles depuis plusieurs années, dans le milieu ou dans la société.

Les prises de parole d’Isabelle Carré

En 2021, elle avait interpellé Emmanuel Macron pour changer la loi sur les abus sexuels sur mineurs. En 2022, on l’a vu brandir le livre #MeTooThéâtre sur la scène des Molières. Et au printemps dernier, elle était de celles qui ont signé un livre intitulé 125 et des milliers, qui raconte l’histoire de 125 féminicides. Comme Anouk Grinberg, dont elle salue les prises de paroles dans ELLE et sur France Inter, elle regrette la solitude dans laquelle Charlotte Arnould est plongée depuis qu’elle a porté plainte en 2018 contre Gérard Depardieu.

« Moins de 10 % (des victimes de violences sexuelles, ndlr) portent plainte et moins de 1 % des viols déclarés par des majeur.e.s ont fait l’objet d’une condamnation, rappelle-t-elle. Quand je lis ces chiffres, aucun doute possible, les adolescentes continueront d’adopter nos pauvres tactiques : avoir ses clés dans la main pour ouvrir la porte d’entrée plus vite, jouer aux folles, faire semblant de téléphoner, semblant de connaître cette passagère dans le métro… »

Isabelle Carré ne cache pas son pessimisme, mais souhaite que ça change. « Pour 2024 et les années à venir, je suggère une formule plus volontaire, débarrassée de tout suspense : “Le sexisme, on sait très bien comment ça commence, et il est grand temps que ça se termine !” », conclut-elle.

À voir également sur Le HuffPost :

Tribune de soutien à Gérard Depardieu : ses détracteurs répondent avec une archive de Blanche Gardin

Pierre Richard soutient Gérard Depardieu, l’association Les Papillons ne veut plus de lui comme ambassadeur