Sur l’affaire Depardieu, Catherine Deneuve se fait équilibriste : « Je ne suis pas en train de minimiser »

Catherine Deneuve et Gérard Depardieu, ici posant lors du Festival du film francophone à Angoulême, le 25 août 2017.
Catherine Deneuve et Gérard Depardieu, ici posant lors du Festival du film francophone à Angoulême, le 25 août 2017.

PEOPLE - À l’affiche de Bernadette le 4 octobre, dans lequel elle se glisse dans la peau de Bernadette Chirac, Catherine Deneuve a accordé une longue interview au magazine Society paru jeudi 17 août.

Proche de Gérard Depardieu, avec qui elle a tourné une dizaine de films, l’actrice de 79 ans a été invitée à s’exprimer sur le féminisme, sa réaction au mouvement MeToo et – inévitablement – sur l’acteur aujourd’hui ciblé par plus d’une dizaine de témoignages de violences sexistes et sexuelles.

Catherine Deneuve revient tout d’abord sur son soutien à la célèbre tribune sur la « liberté d’importuner », parue dans Le Monde en janvier 2018 en réaction au mouvement #MeToo, qu’elle avait cosignée avec une centaine de femmes. « J’ai donné ma position en acceptant de soutenir un texte pour dire, en gros, “attendez, les hommes ne sont pas tous des violeurs”. Mais alors après, ça prend de ces tournures… », déplore l’actrice.

Et la comédienne de poursuivre : « Je trouve très choquant que lorsqu’un homme a eu un problème dans une relation avec une femme qui prétend avoir subi un comportement inapproprié, on parle immédiatement de “viol”… Que des femmes soient importunées par des hommes, et que ça puisse allait très loin, c’est une évidence, mais… »

« Vous déplorez que les hommes qu’on qualifiait autrefois de “gros dragueurs insistants” soient présentés aujourd’hui comme des “prédateurs sexuels” ? », la relancent alors les journalistes de Society. « Non, “prédateur sexuel”, ça peut être une qualification objectivement adéquate, mais que des noms soient tout de suite, après une plainte, associés au mot “viol” dans la presse, je trouve ça choquant - que ce soit Gérard Depardieu, que j’aime beaucoup, ou un autre », répond Catherine Deneuve.

« Je ne suis pas en train de minimiser ou nier que ça existe, évidemment que je soutiens absolument toutes les victimes… Mais je note qu’avant il y avait une certaine rigueur avec ce genre d’informations, alors que maintenant, elles tombent en flot continu dans les téléphones, elles sont répétées matin et soir dans les journaux télévisés. »

Une quinzaine de témoignages de violences sexistes et sexuelles

Society rappelle par ailleurs qu’on prête à Gérard Depardieu la phrase « Catherine Deneuve est l’homme que j’aurais voulu être ». « Oui, confirme Deneuve, et moi j’ai répondu que c’est la femme que j’aurais voulu être. »

« Il est très féminin comme acteur », ajoute l’actrice, qui se dit « très attachée à Gérard Depardieu ».

L’acteur a été rattrapé en avril par 13 nouveaux témoignages de violences sexistes et sexuelles qui auraient été commises sur onze tournages entre 2004 et 2022. L’homme âgé de 74 ans dément depuis « formellement » ces accusations.

Certaines accusatrices ont préféré rester anonymes, comme Florence, qui n’a par exemple jamais oublié sa rencontre avec le monument du cinéma français sur le tournage du film Hello Goodbye (2008). « Aaaah ces petits seins », aurait lancé Gérard Depardieu en la voyant arriver, avant de mettre « sa main entre [ses] jambes ». Une autre fois, devant plusieurs personnes et au lieu de répéter son texte, il aurait dit « je vais te lécher ta petite chatte », ou encore « t’aimes te faire défoncer la rondelle ».

Une autre accusation d’agression sexuelle s’est ajoutée en juillet, pour des faits lors d’un tournage en 2015.

Gérard Depardieu est aussi mis en examen depuis 2021 pour des soupçons de viols et d’agressions sexuelles sur la comédienne Charlotte Arnould.

Il a été écarté en mai pour cette raison de la promotion du dernier film où il apparaissait, Umami, et plusieurs représentations de son spectacle de chant autour de Barbara ont été perturbées par des féministes, notamment à Lille, Bordeaux et Toulouse.

À voir également sur Le HuffPost :

Gérard Depardieu vend aux enchères 250 œuvres d’art de sa collection pour Drouot

Affaire Depardieu : la SRF encourage les victimes à « continuer de parler »