Yahoo Actualités « L’Événement » : Jordan Bardella minimise (beaucoup) le nombre de candidats problématiques
POLITIQUE - Peut-on prétendre au poste de chef de gouvernement, tout en restant aveugle à ce qui saute aux yeux ? Manifestement oui pour Jordan Bardella. Invité ce jeudi 4 juillet de l’émission L’Événement sur France 2, le président du Rassemblement national a (beaucoup) minimisé le nombre de candidats épinglés par la presse, pour des propos racistes ou antisémites entre autres sorties complotistes.
Interrogé sur un décompte fait par Mediapart, qui ne recense pas moins de 100 « brebis galeuses » représentant le parti lepéniste aux législatives, l’eurodéputé a d’abord joué le registre de la précipitation, en expliquant qu’il a fallu « investir en 48 heures près de 600 candidats ». Un argument à relativiser, puisque, comme nous l’écrivions avant le premier tour, le RN avait mis en place depuis des mois un « plan Matignon » comprenant la totalité des investitures en cas de dissolution.
Puis, Jordan Bardella a expliqué qu’il s’agissait de « quatre ou cinq candidats qui sont passés entre les mailles du filet », faisant référence à Ludivine Daoudi qui, dans le Calvados, a été confondue par une photo la montrant avec une casquette nazie sur la tête. Ou encore à Laurent Gnaedig, qualifié pour le deuxième tour des législatives dans la 1re circonscription du Haut-Rhin, qui a affirmé lors d’un débat que la sortie de Jean-Marie Le Pen sur les chambres à gaz n’était pas antisémite.
« Dans toute organisation humaine il peut y avoir des erreurs de casting », a-t-il encore justifié, affirmant agir avec sévérité contre les « cinq candidats » qui posent problème.
🗣️ « Dans toute organisation humaine, il peut y avoir des erreurs de casting »
👤 @J_Bardella s’exprime sur certains candidats RN épinglés pour leurs propos racistes et antisémites #Levenement - #Législatives2024, Le choix décisif, avec @Caroline_Roux pic.twitter.com/NAHWHBXfwg— L'Événement (@LevenementFTV) July 4, 2024
Pris en flagrant déni
Or, c’est peu dire que Jordan Bardella sous-évalue le nombre de cas. Outre Mediapart, Libération en a aussi recensé plusieurs dizaines. Et tous les jours de nouveaux cas apparaissent. Encore ce jeudi 4 juillet, c’est Jérôme Carbriand, candidat soutenu par le Rassemblement national, qui a été repéré par L’Humanité pour des écrits antisémites et homophobes publiés sur un blog.
Ce même jour, c’est Philippe Torre, candidat dans l’Aisne soutenu par le RN, qui a fait l’objet d’une plainte pour injure raciste, après une altercation au marché de Saint-Quentin avec un employé municipal né au Maroc. On peut citer encore Julie Apricena, suppléante de Pierre Gentillet dans le Cher, épinglée par StreetPress avec un t-shirt flanqué d’une croix celtique et barré d’un slogan suprémaciste.
Direction la Vienne, où la candidate Emmanuelle Darles a également fait parler d’elle. En cause ? Des propos du temps du Covid, où elle expliquait que les vaccinés émettaient des ondes similaires à celles du Bluetooth. En Mayenne, c’est la candidate RN Paule Veyre de Soras qui se défend de tout antisémitisme de la pire des façons.
Les cas problématiques dépassent largement l’échelle marginale évoquée par Jordan Bardella, qui a par ailleurs réinvesti le député sortant Frédéric Boccaletti, qui a fondé la librairie « Anthinéa », en référence à l’écrivain antisémite et vichyste Charles Maurras, et fait l’objet d’une condamnation pour violences avec armes. Dans Libération ce jeudi, son ex-femme l’accuse de violences conjugales.
De quoi faire dire au Premier ministre Gabriel Attal, présent dans la même émission ce jeudi soir : « Jordan Bardella parle de quelques brebis galeuses, non. Quand on a un candidat sur trois qui est problématique, c’est tout le troupeau qui est malade. »
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