L'Église orthodoxe bulgare a élu un nouveau patriarche pro-russe

L'Église orthodoxe bulgare a élu un nouveau patriarche pro-russe

C'est une nomination scrutée de près par Moscou et Kyiv : l'Église orthodoxe bulgare a élu à sa tête Danaïl, une figure controversée au sein du clergé, connu pour ses positions en faveur du Kremlin.

Cet ancien métropolite du diocèse de Vidin (Nord-Ouest) succède au charismatique Néophyte, mort en mars dernier après avoir officié pendant plus de dix ans en Bulgarie, qui avait demandé l'arrêt de la guerre en Ukraine.

Danaïl a quant à lui repris plusieurs fois les thèses du Kremlin sur l'invasion qui aurait été notamment provoquée par l'Ukraine elle-même et ses alliés occidentaux en 2014. Âgé de 52 ans, il était le candidat le plus jeune et qui avait le moins de chances d'être élu par le Conseil des patriarches de l'Église. Il a pourtant été nommé au poste suprême avec 69 voix contre 66 lors d'une procédure beaucoup plus rapide qu'à l'accoutumée, selon plusieurs experts en théologie et journaux.

L'Église orthodoxe bulgare, qui a toujours existé dans l'ombre du grand frère russe, se range donc de son côté dans la guerre des mots qui l'oppose au patriarche de Constantinople Bartolomée qui, lui, dénonce l'invasion.

"Il tentera de restaurer la place et la dignité de l'Église orthodoxe bulgare et d'être un pont entre le patriarche œcuménique et le patriarche russe" espère Konstantin Nushev, Professeur à l'université de Sofia.

"J'espère qu'il travaillera bien, tout comme l'église s'est bien comportée jusqu'à présent. Je veux que ça continue comme ça. Pour rassembler les gens" ajoute sa voisine.

Cette nomination fait débat au sein de la communauté orthodoxe bulgare, et reflète les divisions au sein de la société depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie il y a plus de deux ans.

Une autre affaire a secoué l'Église orthodoxe bulgare fin 2023 : l'expulsion de trois prêtres accusés d'être des espions pour la Russie. Il s'agissait de deux ressortissants biélorusses et d'un russe qui ont été expulsés sur ordre des services de renseignements pour "leurs activités allant à l'encontre de la sécurité nationale et des intérêts de la République de Bulgarie". La très controversée ambassadrice de Moscou à Sofia s'était indignée, accusant le gouvernement bulgare d'avoir "craché au visage de l'Église russe". Danaïl avait aussi critiqué ces expulsions.

L'Église orthodoxe bulgare fédère plus des deux tiers de la population. Depuis la fin du communisme qui imposait l'athéisme, beaucoup de Bulgares se sont en effet tournés vers la religion, 58% se déclarant croyants, selon de récentes études.