Législatives : la France insoumise, parti antisémite ? D’où viennent ces accusations (et sont-elles fondées) ?

Depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre, et la guerre déclenchée par Israël à Gaza, les insoumis sont régulièrement pointés du doigt pour leurs sorties.

POLITIQUE - « LFI, premier parti antisémite de France. » Cette phrase a été prononcée ces derniers mois par plusieurs représentants du camp présidentiel. Lors de sa conférence de presse post-dissolution, Emmanuel Macron a lui même ciblé la mélenchonie en l’accusant d’avoir mené une campagne « antisémite » pendant les européennes.

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Mais puisque cette accusation infamante est rarement étayée quand elle est formulée sur les réseaux sociaux ou les plateaux de télévision, Le HuffPost a essayé de remonter le fil de ces critiques, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête de l’article. Pour voir, notamment, si l’argument phare des macronistes pour fustiger le Nouveau Front populaire tient la route.

Tout d’abord, le procès en antisémitisme n’est pas nouveau pour la France insoumise, et pour Jean-Luc Mélenchon avant elle. Ils en font les frais depuis les années 2010. Mais pour quels reproches concrets ? À cette époque-là, les détracteurs du leader de la gauche radicale estiment que son discours vient nourrir les stéréotypes antisémites. Ceci, sur deux fronts.

En France, Jean-Luc Mélenchon accuse régulièrement les institutions juives, comme le Crif, de « communautarisme. » Et au Proche-Orient, il défend coûte que coûte les Palestiniens contre Israël. Dès 2014, il lui est par exemple reproché son appui au mouvement « boycott d’Israël BDS », demandant le boycott, le désinvestissement et des sanctions à l’endroit de l’État hébreu. Ou son soutien à un rassemblement pro-Gaza, qui s’était terminé par des cris antijuifs dans les rues de Paris.

En réalité, ces critiques redoublent ces dernières années, et plus précisément ces derniers mois avec la guerre à Gaza. Pour résumer, les accusations faites aux insoumis de nourrir un discours aux stéréotypes antisémites, sont devenues des accusations d’antisémitisme, pur et dur.

Les détracteurs de la France insoumise s’appuient sur les réactions du mouvement de gauche radicale à l’attaque en Israël, le 7 octobre, quand la majorité de ses élus ont refusé de parler du Hamas comme une organisation terroriste. Mais pas seulement.

Ils citent, aussi, plusieurs déclarations douteuses en lien avec le conflit au Proche Orient. Lorsque Jean-Luc Mélenchon a accusé la présidente de l’Assemblée nationale de « camper » à Tel Aviv alors qu’elle était en visite diplomatique après le 7 octobre ou lorsque David Guiraud a publié (puis retiré) sur les réseaux sociaux une image des Dragons célestes, ces figures de manga japonais riches, puissantes et manipulatrices, utilisées par les sphères antisémites 2.0 pour cibler les juifs.

S’ajoute à cela la déclaration de Jean-Luc Mélenchon, début juin, selon laquelle l’antisémitisme est aujourd’hui « résiduel » dans le pays, alors que toutes les enquêtes documentent l’inquiétude grandissante des Français de confession juive.

« Qui a été condamné ? Qui ? »

En creux, c’est aussi la stratégie politique des insoumis qui est pointée du doigt à travers ce procès. Selon certains de ses détracteurs, LFI adopte ce discours pour séduire les quartiers populaires et l’électorat musulman. Une analyse qui ne s’embarrasse pas de nuance, et encourage sans conteste les stéréotypes et amalgames.

Pour d’autres, cette stratégie participe à un climat anxiogène pour les juifs de France. Résultat : pour 92 % d’entre eux, le mouvement de Jean-Luc Mélenchon contribue à faire monter l’antisémitisme.

Enfin, si les insoumis sont régulièrement brocardés pour leurs sorties, notons toutefois que le mouvement est clair dans son programme (et ses déclarations) : il s’engage à lutter contre toutes les formes de racisme et d’antisémitisme. D’ailleurs, aucun de ses membres n’a été condamné pour incitation à la haine… Ce qui n’est pas le cas de l’autre côté du spectre politique, au Rassemblement national. Ce parti, anciennement FN, fondé entre autres par d’anciens collaborationnistes compte encore dans ses rangs un député qui a tenu une librairie proposant des livres antisémites ou négationnistes.

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