Législatives: dernière ligne droite pour la campagne, le RN présente son programme

Le président du Rassemblement national Jordan Bardella assiste à une réunion du Medef, le 20 juin 2024 à Paris (JULIEN DE ROSA)
Le président du Rassemblement national Jordan Bardella assiste à une réunion du Medef, le 20 juin 2024 à Paris (JULIEN DE ROSA)

A peine commencée, la campagne des législatives entre lundi dans sa dernière semaine: poussé par les sondages mais accusé de reculer sur des mesures, Jordan Bardella dévoilera les grands axes du programme du RN quand Gabriel Attal, en campagne à Dijon, tente de réduire l'écart avec la gauche et l'extrême droite.

Après quelques moments de flottements qui ont donné des munitions à ses adversaires, notamment sur la promesse d'abroger la réforme des retraites, le président du Rassemblement national Jordan Bardella, qui a déjà passé une partie de la semaine dernière à essayer d'éclaircir son programme économique et social, entend profiter d'une grande conférence de presse pour tenter de mettre les points sur les i.

A partir de 11H00 dans le VIIIe arrondissement de Paris, le candidat du RN pour entrer à Matignon présentera "les priorités du gouvernement d'union nationale" que le parti d'extrême droite appelle de ses vœux, en présence de Marine Le Pen, selon le RN qui évoque "une centaine" de journalistes attendus.

"Lorsque nous arrivons, nous déclenchons une session extraordinaire du Parlement (à l'été, NDLR). Nous allons travailler sur des questions qui sont celles de l'immigration, de la sécurité et du pouvoir d'achat", a expliqué dimanche sur Radio J Sébastien Chenu, cadre du RN.

Interrogé sur la question délicate de la Défense en cas de cohabitation avec Emmanuel Macron, le député du Nord, candidat à sa réélection, a tracé des "lignes rouges" : l'envoi de soldats en Ukraine, l'envoi de "matériel de longue portée" permettant d'envoyer des bombes sur le territoire russe".

Toutefois, si le Rassemblement national est toujours donné premier dans des sondages, autour de 35,5/36% des voix, devant le Nouveau Front populaire (entre 27 et 29,5%) et le camp présidentiel (19,5/20% des suffrages), ses adversaires comptent bien lui fermer les portes de Matignon à l'issue de ces législatives anticipées (30 juin/7 juillet).

"Il y a cette peur qui est entrée dans nos familles (...) nous autres les métissés, les racisés", a lancé le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon de la tribune d'un meeting à Montpellier, reprochant au RN des stigmatisations pendant les émeutes consécutives à la mort du jeune Nahel, tué par un tir policier. "C'est la France que nous ne voulons pas être. Nous sommes le peuple uni et indivisible", a harangué M. Mélenchon.

- "Changer profondément" -

Mais le Nouveau Front populaire a terminé la semaine sur une note discordante. Le lancinant débat sur le choix de la gauche pour Matignon a été relancé après que Jean-Luc Mélenchon a rappelé son "intention de gouverner ce pays", tout en affirmant ne pas s'"impose(r)".

Suffisant pour susciter une levée de boucliers, notamment chez l'ancien président socialiste François Hollande, qui lui a enjoint de garder le silence face au "rejet" qu'il susciterait dans l'opinion. "Je ne renoncerai jamais à l'honneur d'être une cible", a répliqué le chef des Insoumis.

Du côté du camp présidentiel, le Premier ministre Gabriel Attal a saisi la balle au bond, proposant via une déclaration au Figaro à Jean-Luc Mélenchon de venir débattre face à lui et Jordan Bardella mardi sur TF1, "plutôt que d'envoyer son porte-parole, Manuel Bompard", coordinateur de LFI.

Jean-Luc Mélenchon avait écarté mi-juin l'hypothèse, estimant qu'en l'absence de candidat désigné à gauche pour Matignon, il revenait aux chefs de partis d'aller débattre.

Gabriel Attal est lui attendu lundi à Dijon pour continuer la campagne. S'il devrait encore réserver des piques aux "extrêmes", le chef du gouvernement a aussi appelé dimanche à changer de "méthode dans la gouvernance".

Une promesse de "changement" distillée dimanche par de nombreux cadres, à commencer par Emmanuel Macron lui-même, qui a reconnu que "la manière de gouverner doit changer profondément".

Le chef d'Horizons Edouard Philippe va lui se rendre en Gironde pour soutenir des candidats de son parti et de Renaissance.

"Aucune formation politique du bloc central ne peut prétendre à elle seule avoir la majorité", a prédit l'ancien Premier ministre dimanche, en appelant à un arc de "la droite conservatrice à la gauche socio-démocrate".

"Je tends la main avant le premier tour pour pouvoir construire ce grand rassemblement après le second", a-t-il argué.

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