Législatives : appels de l'intersyndicale et de collectifs féministes à manifester contre l'extrême droite

Les syndicats de la CFDT, de la CGT, de l'UNSA, de Solidaires et de la FSU, ainsi que des associations féministes appellent une nouvelle fois à manifester ce week-end du 22-23 juin contre l'extrême droite, à une semaine du premier tour des législatives.

Nouvel appel à battre le pavé. Plusieurs syndicats, ainsi que des associations féministes appellent à manifester contre l'extrême droite ce samedi 22 juin et dimanche 23 juin, à une semaine du premier tour des législatives. Le 15 juin, 250.000 personnes avaient déjà manifesté à Paris, selon la CGT, 75.000, selon la police.

L'intersyndicale, composée de la CFDT, de la CGT, de l'UNSA, de Solidaires et de la FSU, organise des manifestations partout en France, les points de rassemblements étant notamment répertoriés par la CGT et par La Ligue des droits de l'Homme.

Le collectif chrétien Justice et espérance, composé de catholiques, dont des prêtres, et de protestants, a également appelé à manifester dimanche à Paris.

Les associations de défense des droits des femmes sont aussi mobilisées, dénonçant le "féminisme de façade" de l'extrême droite et le "véritable danger qu'elle représente" pour les droits des femmes. Ces accusations sont rejetées par le Rassemblement national qui fustige des "caricatures".

À une semaine du premier tour des législatives pour lesquelles le RN part favori, un cortège s'élancera dimanche 23 juin à 14h30 à Paris, de République pour rejoindre Nation où une "alerte féministe sera lancée" avec des sifflets, à l'appel de plus de 200 associations (Fondation des femmes, Planning familial, #Noustoutes...), d'ONG (Oxfam, France Terre d'Asile...) et de syndicats (CGT, CFDT...). Des manifestations similaires sont annoncées dans une trentaine d'autres villes, comme à Bordeaux, Clermont-Ferrand, Poitiers ou Nice.

"C'est un sombre tableau qui s'offre à nous: si le Rassemblement national l'emporte, nous allons être les premières attaquées, avec les personnes LGBTQ+ et les immigrés", estime, auprès de l'Agence France-Presse, Suzy Rojtman, porte-parole du Collectif national pour les droits des femmes (CNDF).

"C'est très flagrant en Europe: là où l'extrême droite est passée, les droits des femmes ont régressé d'une manière ou d'une autre", ajoute-t-elle, citant l'Italie de la Première ministre Giorgia Meloni, venue de l'extrême droite post-fasciste, ou l'ancien gouvernement du parti nationaliste populiste Droit et Justice (PiS) en Pologne.

En Italie, le gouvernement Meloni a porté une loi pour autoriser l'intervention d'associations anti-IVG dans les structures organisant l'accès à l'avortement.

La Pologne a également connu un profond recul des droits des femmes pendant les huit années au pouvoir du PiS qui ont conduit à l'interdiction quasi-totale de l'avortement.

Plus récemment, l'absence du droit à l'avortement dans les engagements du G7 a été imputée à l'Italie, pays hôte.

En France, la perspective d'une majorité, absolue ou relative, du RN à l'Assemblée nationale, fait notamment craindre aux associations des coupes dans les subventions publiques, avec un "impact direct" pour les femmes.

Clémence Pajot, de la Fédération nationale des centres d'information sur les droits des femmes et des familles (FNCIDFF), redoute ainsi des moyens revus à la baisse "pour des projets essentiels comme la lutte contre les violences sexuelles, l'insertion ou encore l'égalité professionnelle".

"Cela veut dire plusieurs centaines de milliers de femmes que nous ne pourrons plus aider", selon elle.

"Ce mouvement de fond a déjà commencé", complète la présidente du Planning familial Sarah Durocher, qui rappelle les "attaques ces dernières années contre les antennes" du Planning et les appels lancés notamment par le RN à couper ses subventions.

Pointé du doigt, le Rassemblement national a dénoncé cette semaine des "caricatures" et des "mensonges".

Dans une vidéo adressée à "toutes les femmes de France", diffusée sur les réseaux sociaux, son président Jordan Bardella a accusé mardi "l'extrême gauche" de "s'arroger le monopole des droits des femmes".

Le possible futur Premier ministre, en cas de majorité absolue du RN aux législatives, a promis de garantir "les droits et les libertés" de toutes "les femmes et filles de France" et fait de "l'égalité entre les femmes et hommes, la liberté de s'habiller comme on l'entend et le droit fondamental à disposer de son corps" des "principes non négociables".

Il s'est engagé à "lutter contre les déserts médicaux et particulièrement gynécologiques" et a promis un renforcement des sanctions contre les violences faites aux femmes.

Ces promesses font bondir les associations, qui dénoncent une "instrumentalisation" et une "imposture féministe". Elles citent pour exemple plusieurs votes, dont celui sur une directive européenne sur l'égalité des salaires femmes-hommes en 2023 marqué par une forte abstention des eurodéputés RN.

"Le RN se dit quasi féministe, mais on n'est pas dupes", lance Suzy Rojtman.

"Le seul discours qu'ils tiennent sur les violences faites aux femmes, c'est quand les agresseurs sont des étrangers alors qu'on sait très bien que la grande majorité des violences se fait dans la sphère familiale."

Article original publié sur BFMTV.com