Législatives 2024 : en cas de cohabitation entre Emmanuel Macron et le Premier ministre, trois scénarios

POLITIQUE - À quoi ressemblera la France au soir du 7 juillet ? Dans ces législatives anticipées où trois blocs principaux - Rassemblement national, Nouveau Front Populaire et Renaissance et alliés - s’affrontent, difficile de prévoir l’issue du second tour. Mais une option semble de plus en plus crédible, au vu de l’affaiblissement du camp présidentiel aux élections européennes et des intentions de vote : la cohabitation.

Législatives 2024 : en cas de cohabitation, comment est nommé le Premier ministre ?

La Ve République a déjà connu trois cohabitations : deux sous la présidence de François Mitterrand en 1986 et 1993 et une sous celle de Jacques Chirac en 1997. Selon les résultats du 7 juillet, la France pourrait donc connaître sa quatrième dans les prochains mois. À quoi pourrait-elle ressembler ? Tour d’horizons des trois scénarios possibles.

Majorité absolue au RN (et Bardella à Matignon ?)

Rien dans la Constitution n’oblige le président de la République à choisir le candidat désigné par le groupe majoritaire à l’Assemblée, Jordan Bardella dans ce scénario d’une majorité absolue du RN à l’Assemblée nationale. Mais dans la pratique, Emmanuel Macron pourra difficilement passer outre. Il s’exposerait sinon à la chute immédiate du gouvernement et de son chef, par le biais d’une motion de censure de facto adoptée avec les voix des 289 députés RN.

Partant de ce principe, Jordan Bardella a présenté le programme qu’il entend mettre en place si le RN l’emporte: la lutte contre l’immigration, la baisse de la TVA sur l’électricté et le carburant, un tout de vis sécuritaire... Des thèmes classiques à l’extrême droite mais pas uniquement. Le président du RN entend bien se piquer d’affaires étrangères, en proposant par exemple un nom pour le poste de commissaire européen ou en limitant les intentions d’Emmanuel Macron dans le soutien à l’Ukraine.

Traditionnellement, l’international est un domaine réservé du président de la République, tout comme la défense. Mais il s’agit d’un usage et pas d’une loi. En témoigne la passe d’armes entre Marine Le Pen et François Bayrou ce 27 juin sur l’application du rôle de « chef des armées » mentionné dans la Constitution. Et ce ne serait pas la première fois que l’interprétation du texte pose problème pendant une cohabitation.

Néanmoins même avec une victoire du RN aux législatives, l’entrée de Jordan Bardella à Matignon n’est pas actée. Pour ne pas risquer la censure à l’Assemblée, le président du parti d’extrême droite a fixé comme condition l’obtention d’une majorité absolue. Ce qui n’est pas gagné.

Majorité relative du Nouveau Front Populaire

Deuxième scénario : l’alliance des gauches s’impose dans les urnes, pas suffisamment pour obtenir 289 députés, mais assez pour devenir le groupe le plus important de l’Assemblée nationale. Une majorité relative qui ferait du PS, du PCF, de LFI et des Écologistes les plus légitimes pour proposer un nom pour Matignon.

Pas n’importe quel nom. Les postulants ne manquent pas mais vouloir n’est pas pouvoir. Le plus important pour la gauche est de proposer un nom qui fasse consensus en interne et surtout, qui soit suffisamment consensuel pour que les macronistes acceptent (même tacitement) de s’abstenir en cas de dépôt d’une motion de censure.

Sans les voix de la gauche et celle de Renaissance et leurs alliés, les élus Rassemblement national ou Les Républicains ne seraient pas en mesure de faire tomber le gouvernement.

Majorité nulle part et installation d’un gouvernement technique

Dernier scénario théorique : celui d’une Assemblée nationale sans aucun bloc majoritaire. Dans ce cas-là, Emmanuel Macron pourrait choisir de nommer un gouvernement technique composé de ministres issus de bords divers, peu marqués politiquement et choisis pour leur domaine d’expertise. Avec à leur tête, une personnalité qui fasse consensus sans être forcément issus du monde politique.

Ce gouvernement technique limiterait un blocage du pays, en permettant par exemple de continuer à faire passer des projets de loi. Mais l’option n’a jamais véritablement eu cours dans l’histoire française récente.

En revanche, l’Italie en a l’expérience. Le dernier gouvernement technique remonte à 2021, pendant la crise du Covid, sous l’égide de Mario Draghi. Il a duré un an et cinq mois avant d’exploser avec la suite que l’on connaît : des législatives anticipées et l’arrivée au pouvoir du parti d’extrême droite de Giorgia Meloni.

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