"Je suis là depuis un bon bout de temps": Joe Biden joue la carte de l'humour sur son âge

"Cela ne se voit peut-être pas mais je suis là depuis un bon bout de temps". Joe Biden a usé d'humour ce jeudi 7 mars à l'occasion de son discours sur l'état de l'Union devant le Congrès, cherchant à rasséréner les électeurs américains face aux doutes persistants sur son endurance physique et mentale, avant la prochaine présidentielle, prévue le 5 novembre 2024.

Chaque balbutiement, trébuchement, lapsus ou moment de confusion du dirigeant de 81 ans, candidat à sa réélection, est scruté de près aux États-Unis et immédiatement monté en épingle par l'opposition républicaine, qui voit là autant d'illustrations de son incapacité à gouverner.

"À mon âge"

Le président américain n'en a cependant pas commis ce jeudi. Pour le plus grand plaisir des démocrates, bien conscients que l'âge du capitaine pèsera très lourd lors de la présidentielle. Joe Biden a fait preuve d'une endurance rare, s'exprimant d'un ton clair, ferme, durant plus d'une heure.

De quoi entraîner de nombreuses manifestations de joie de son camp. Rugissants, les élus de son parti, souvent vêtus de blanc, lui ont répondu plusieurs fois en chantant: "Quatre ans de plus!".

"À mon âge, certaines choses deviennent plus claires que jamais", a dit leur champion, en promettant de défendre "l'honnêteté, la force morale, la dignité, l'égalité". "Et voilà que quelqu'un de mon âge raconte une autre histoire, celle d'une Amérique tournée vers la rancœur, la vengeance et la revanche", a-t-il déclaré, en référence à son adversaire, Donald Trump, qu'il est quasiment sûr d'affronter lors de la présidentielle. Cerné par les poursuites judiciaires, ce dernier a promis plusieurs fois de se "venger", lui qui n'a jamais reconnu sa défaite en 2020.

À défaut de grand impair, ou pas de côté de Joe Biden, les républicains, des fidèles de Donald Trump pour la plupart, sont restés dans leurs travées, sans coup d'éclat. Après un discours l'an dernier marqué par des cris répétés, le nouveau chef républicain de la Chambre, Mike Johnson, avait d'ailleurs demandé à ses troupes de ne pas s'abaisser à un chahut bruyant de Joe Biden.

Seuls les élus les plus proches de Donald Trump, qui affrontera sauf énorme surprise le président sortant en novembre, ont cherché à marquer le coup. Ainsi, dès l'entrée de Joe Biden dans l'hémicycle, un rituel extrêmement codifié, l'élue Marjorie Taylor Greene, connue pour ses frasques et ses outrances, s'est coiffée d'une des célébrissimes casquettes "Make America Great Again" de l'ancien président. En la voyant, le président a fait un pas de recul, et lâché un "Oh!".

Trump critique l'apparence de Biden

Cette élue de Géorgie s'était déjà faite remarquer l'an dernier en qualifiant le président de "menteur" en plein discours. Jeudi soir, plusieurs républicains l'ont imité, mais sans que Joe Biden ne s'interrompe dans sa lancée.

Néanmoins, la frustration envers le dirigeant démocrate n'est pas uniquement venue du camp républicain. Un groupe d'élues de la gauche progressiste, portant des keffiehs, est resté assis durant l'intégralité de l'allocution, en protestation de son soutien à Israël. Lorsque la situation à Gaza a été évoquée par le président, l'élue d'origine palestinienne Rashida Tlaib, très émue ,a brandit une petite pancarte affichant le message: "Arrêtez d'envoyer des bombes".

De son côté, Donald Trump commente en direct la soirée sur son réseau social, hélas pour lui touché par une panne technique embarrassante. Le républicain a critiqué notamment l'apparence de Joe Biden: "sa coiffure est nettement mieux devant que derrière", a-t-il raillé avant de noter que le démocrate tousse de façon répétée. "Il a l'air tellement énervé quand il parle, ce qui est un signe des personnes qui savent qu'elles sont en train de perdre", a écrit l'ex-homme d'affaires.

Article original publié sur BFMTV.com