Kwasi Kwarteng, ministre britannique des Finances, démis de ses fonctions

Britain's Chancellor of the Exchequer Kwasi Kwarteng listens as Britain's Prime Minister Liz Truss (unseen) delivers her keynote address on the final day of the annual Conservative Party Conference in Birmingham, central England, on October 5, 2022. (Photo by Oli SCARFF / AFP)

ROYAUME-UNI - Il aura tenu un mois au gouvernement. Le ministre britannique des Finances Kwasi Kwarteng a été démis de ses fonctions en pleine crise économique et politique, ont annoncé ce vendredi 14 octobre les médias britanniques.

En fin de matinée, Kwasi Kwarteng s’était rendu à Downing Street, après être rentré plus tôt que prévu de Washington où il participait aux réunions annuelles du FMI (Fonds monétaire international) et de la Banque mondiale. Jeudi, il s’était dit persuadé qu’il resterait à son poste.

Au moment de son éviction, la livre plongeait face au dollar dans un marché ultra-volatil. L’instabilité politique dans le pays pesait sur la livre qui perdait 1,10 % à 1,1199 dollar et 0,57 % face à l’euro à 86,83 pence, au lendemain d’un bond du sterling sur des spéculations de changements de politique budgétaire au Royaume-Uni.

Le plan du budgétaire qui a tout fait vaciller

L’éviction du ministre des Finances s’inscrit dans une période très compliquée pour la Première ministre Liz Truss, qui doit d’ailleurs s’exprimer ce vendredi après-midi, alors que le gouvernement semble au bord de l’implosion.

La crise a début lors de l’annonce de son plan budgétaire le 23 septembre qui prévoit des dizaines de milliards de baisses d’impôts sans financement clair, ce qui a déstabilisé les marchés, fait chuter la livre et profondément affaibli l’exécutif. Ce vendredi, le président de la commission du Trésor au Parlement Mel Stride a plaidé pour une révision rapide de son « mini-budget ».

« Nous avons atteint un stade où nous avons besoin d’un signal très puissant vers les marchés (pour montrer que) la crédibilité budgétaire est fermement de retour », a-t-il déclaré sur la BBC. « Faites-le maintenant », a-t-il conseillé au ministre des Finances qui était toujours en poste, « et assurez-vous que ce soit significatif, ferme, audacieux et convaincant ». L’annulation d’une hausse prévue de l’impôt sur les sociétés est notamment dans le collimateur.

Liz Truss déjà sur la sellette

La confiance politique est aussi au plus bas. Alors que le congrès conservateur avait déjà été marqué au début du mois par les tensions et dissensions internes, certains élus conservateurs évoquent désormais en privé des noms pour remplacer Liz Truss. Un ticket Rishi Sunak-Penny Mordaunt, deux candidats battus dans la course à Downing Street, serait évoqué, selon la presse.

Rishi Sunak, ancien ministre des Finances, était le candidat préféré des députés conservateurs, mais la décision finale revenait aux membres du parti, qui ont élu Liz Truss début septembre, laquelle a ensuite écarté du gouvernement le camp Sunak.

Les Britanniques confrontés ces dernières semaines à des taux d’emprunt immobilier qui montent en flèche perdent aussi confiance et patience. 50 % veulent que le parti conservateur remplace Liz Truss. Près de la moitié (43 %) des électeurs ayant voté pour le parti conservateur lors du dernier scrutin veulent aussi un nouveau Premier ministre. 66 % pensent que les membres du parti ont fait le mauvais choix, selon un sondage YouGov pour The Times publié jeudi soir.

L’un des responsables de l’opposition travailliste, Ed Miliband, a, lui aussi, étrillé un « gouvernement qui s’effondre et une politique économique en lambeaux ». « Franchement je pense que le parti conservateur devrait avoir honte de ce qu’il fait subir au pays », a-t-il estimé sur Sky News.

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