Les Kardashian, victimes des standards de beauté ? Leur « mea culpa » pose question

Kylie, Kourtney et Khloé, ici dans l’épisode 9 (saison 3) des « Kardashian », sur Disney+.
Kylie, Kourtney et Khloé, ici dans l’épisode 9 (saison 3) des « Kardashian », sur Disney+.

PEOPLE - « J’ai une fille. Et je serais anéantie si elle pensait à la chirurgie esthétique à 19 ans. » Ces mots peuvent paraître assez communs venant d’un parent. Ce qui peut surprendre, ici, c’est la personne qui les a prononcés : Kylie Jenner, dans l’épisode final de la dernière saison des Kardashians, disponible sur Disney+ depuis la fin du mois de juillet.

Devant les caméras, la benjamine des sœurs discute, assise sur un canapé, avec sa grande copine, Anastasia Karanikolaou. Au détour d’une discussion sur le changement de prénom de son fils, Kylie lui rappelle qu’elle s’est fait « refaire les seins avant d’avoir Stormi », son premier enfant.

« Mes seins naturels étaient magnifiques, se souvient-elle. La taille parfaite, tout parfait. Et j’aimerais vraiment ne pas les avoir refaits. » Quelques minutes plus tard, elle insiste : « J’aimerais être à la place de ma fille. Car si c’était le cas, je ne toucherais à rien. » Deux martinis leur sont apportés. Les deux jeunes femmes trinquent « à la confiance en soi ». Fin de la discussion.

Cette scène est (très) courte, mais mérite qu’on s’y arrête. Depuis des années, les spéculations autour des changements physiques parfois radicaux de Kylie Jenner - qu’il s’agisse de son visage ou de son corps - alimentent la presse et les réseaux sociaux, sans que la principale concernée n’en parle ouvertement. La transparence et l’humilité dont elle fait preuve, ici, en abordant son regret d’avoir eu recours à la chirurgie forcent à première vue la sympathie.

« Avoir confiance en soi, même en ses défauts »

Mais, il y a un « mais ». Et pour cause, ce moment inédit à la télévision « sonne creux à la lumière des années de dommages causés » par la dynastie Kardashian aux idéaux physiques, d’après la journaliste du TIME Cady Lang. Elle rappelle, à titre d’exemple, que le premier épisode de leur célèbre téléréalité s’ouvrait déjà, en 2007, sur une conversation en famille sur les fesses de Kim.

Un peu plus tôt dans cette troisième saison, Kourtney s’est, elle aussi, approchée du mea culpa. « Il faut avoir confiance en soi, même en ses défauts, lance-t-elle soudainement pendant que Kylie la maquille. J’étais en train de penser aux standards de beauté d’aujourd’hui. » Kylie continue : « On a une grande influence, et qu’est-ce qu’on en fait ? » Avant d’ajouter : « Les autres peuvent te donner des complexes. »

Les autres, pas elles. « On grandit encore sous l’œil des caméras. Peu importe notre âge, on grandit et on évolue. Et c’est injuste d’avoir toute cette pression sur nos épaules. On fait tous de notre mieux », commente, à son tour, Khloé au confessionnal, après avoir confié à ses deux sœurs souffrir d’insécurités à cause de la société.

L’idéal de minceur

Ces discussions - honnêtes ou non - rappellent qu’aucune femme n’est épargnée par les injonctions à la beauté, pas même les Kardashian. Ce qui peut poser toutefois question, c’est qu’elles n’envisagent à aucun moment l’implication qu’elles ont pu avoir dans ces mêmes injonctions.

Promotion de sucettes coupe-faim ou thé détox, utilisation récurrente de Photoshop ou de filtres pour modifier leur image sur les réseaux sociaux... Depuis de longues années, les richissimes sœurs sont pointées du doigt pour entretenir notamment des normes de minceur irréalistes. Toutes comptent plusieurs centaines de millions d’abonnés sur Instagram.

En 2017, Khloé a animé une émission de télé baptisée Revenge Body. On y suivait des hommes et des femmes bien décidés à perdre du poids pour narguer l’ex qui les avait plaqués. Plus récemment, en 2022, Kim Kardashian s’est, elle, vantée des sept kilos qu’elle a perdus en seulement trois semaines - afin de rentrer dans la robe de Marilyn Monroe au Met Gala - et du régime drastique qui l’y a permise.

Chirurgie, fortunes et cosmétiques

Bouches pulpeuses, fesses généreuses... Même si elles sont discrètes sur leur recours au bistouri, les cinq femmes ont inspiré de nouveaux canons de beauté, comme la silhouette « sablier », et auraient contribué au boom de la chirurgie et médecine esthétiques, d’après plusieurs études.

En 2016, l’American Society for Plastic Surgeons a observé une forte augmentation d’injection de fillers dans les lèvres, peu de temps après que Kylie Jenner a parlé de la procédure. Et d’après ce même organisme en 2018, les chirurgies d’augmentation des fesses par lipofilling (Brazilian Butt Lift) ont augmenté de 256 % depuis 2000.

Quantifier l’influence de Kim, Kourtney, Khloé, Kendall et Kylie dans ce domaine n’est pas possible. Mesurer l’argent que leur rapportent les standards de beauté qu’elles ont imposés, si. SKIMS, la marque de sous-vêtements gainant lancée par Kim Kardashian en 2019, a été évaluée à 4 milliards de dollars, en juillet 2023, d’après le New York Times.

Et alors que sa ligne de maquillage KKW Beauty a fait un flop, celle de sa sœur, Kylie Cosmetics, est considérée comme l’une des plus rentables de l’industrie. Elle a permis à la jeune femme de 25 ans de gonfler sa fortune. Celle-ci était estimée, en 2020, à 900 millions de dollars. Alors oui, Kourtney - qui vend notamment des cosmétiques pour la peau via sa plateforme lifestyle Poosh - n’a pas tout à fait tort. C’est important d’avoir confiance en soi, « même en ses défauts ». Et les Kardashian n’ont pas encore capitalisé dessus. Enfin, pour l’instant ?

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