Kaouther Ben Hania, réalisatrice des “Filles d’Olfa” : “Je trouve très beau le contraste entre la tragédie et les rires”

La cinéaste tunisienne Kaouther Ben Hania avait déjà été remarquée au Festival de Cannes en 2017, avec La Belle et la Meute, long-métrage de fiction inspirée de l’histoire vraie d’une jeune femme violée par des policiers. Elle revient cette année avec Les Filles d’Olfa, en salle ce 5 juillet après avoir été présenté en sélection officielle.

La cinéaste livre un documentaire poignant sur une mère tunisienne, Olfa Hamrouni, qui a élevé seule ses quatre filles, dont les deux aînées ont rejoint Daech en Libye alors qu’elles étaient mineures. Afin de sonder les origines de cette tragédie, la réalisatrice a mis en place un dispositif scénique audacieux. Les comédiennes Nour Karoui et Ichraq Matar jouent le rôle des filles disparues, Hend Sabri celui d’Olfa, et elles interagissent devant la caméra avec la vraie Olfa et ses deux cadettes, Eya et Tayssir.

Kaouther Ben Hania, 45 ans, a répondu aux questions de Courrier international.

Courrier international : L’histoire d’Olfa a fait le tour des médias tunisiens lorsqu’en 2016, elle a appelé à rapatrier ses deux filles aînées, emprisonnées en Libye après y avoir rejoint Daech. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous emparer de ce fait divers ?

La cinéaste tunisienne Kaouther Ben Hania.. Photo Laurent Koffel
La cinéaste tunisienne Kaouther Ben Hania.. Photo Laurent Koffel

Kaouther Ben Hania : La vision journalistique ne m’apportait pas de réponse. Et je sentais qu’au-delà du fait divers, de la tragédie, il y avait des thèmes qui me passionnent : la transmission, l’éducation, la maternité, l’adolescence. Des thèmes universels. Je voulais creuser en amont de cette tragédie pour comprendre.

Craigniez-vous de vous emparer d’un sujet aussi sensible en Tunisie, l’un des principaux pays pourvoyeurs de combattants étrangers ?

Non, parce qu’avoir peur aurait signifié ne pas faire de film. Je craignais plutôt que le film ne soit pas à la hauteur de la complexité de l’histoire. C’est pourquoi trouver la bonne forme m’a pris beaucoup de temps.

Ma pulsion au départ était une émotion très forte, et je voulais que le film soit à la hauteur de cette première impulsion qui m’a poussée à contacter Olfa. Je ne voulais pas tomber dans un cliché ou du politiquement correct, ni dans le jugement.

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