Just Philippot : « Je ne voulais pas qu’« Acide » ressemble à un film américain »

Dans La Nuée (2021), Just Philippot lâchait, sur un coin du Sud-Ouest déjà rongé par le chômage, une horde de sauterelles carnivores, particulièrement voraces et meurtrières. Dans Acide, son second long-métrage, le réalisateur imagine une France terrassée par d'implacables averses corrosives. Une famille en plein délitement tente de fuir, comme tout le monde, alors que le phénomène décime la nature, les hommes, les habitations… Noir, c'est noir : plus spectaculaire et maîtrisé que La Nuée, Acide est une œuvre de son temps, un creuset d'angoisses modernes où Philippot, coauteur du script avec Yacine Badday, fusionne avec la foi d'un apôtre les grandes peurs d'un climat devenu fou et d'une société socialement au bord de l'éclatement.

Dans les scènes de clash comme dans celles de foules en panique sous les pluies brûlantes (une séquence terrifiante sur un pont suspendu n'est pas loin d'évoquer La Guerre des mondes de Spielberg), ce film sous haute tension excelle et va forcément marquer cette rentrée 2023. Distribué par Pathé, produit pour environ 9 millions d'euros d'après un court-métrage du même nom, Acide dévoile un Guillaume Canet méconnaissable en leader syndical violent, cheveux ras, qui fait le coup de poing contre sa direction lors d'un prologue d'une intimidante brutalité.

Séparé de son épouse Élise (Lætitia Dosch), il sera bientôt contraint de prendre la route avec elle pour sauver Selma, leur fille de 15 ans (Patience Muchenbach), alors que le désas [...] Lire la suite