"Je leur ai donné quelques idées": Judith Godrèche demande au Sénat une commission d'enquête sur les violences sexuelles au cinéma

L'actrice Judith Godrèche a demandé ce jeudi 29 février lors d'une audition au Sénat l'ouverture d'une commission d'enquête sur les violences sexistes et sexuelles dans le milieu du cinéma.

Devenue une figure de proue de la lutte contre les violences sexuelles sur les enfants depuis qu'elle a porté plainte, après des décennies de silence, contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon, était auditionnée par la délégation aux droits des femmes au Palais du Luxembourg.

"Je leur ai donné quelques idées et j'ai parlé de mes convictions, et de ma vision de ce milieu", a déclaré l'actrice au micro de BFMTV après son intervention au Sénat.

"A travers la petite société du cinéma, je parle aussi de la société en général. C'était important pour moi de ne pas réduire ma parole et cette présence à la seule société du cinéma", a-t-elle ajouté.

Au-delà du 7e art, elle a rendu un hommage appuyé au juge Édouard Durand, l'ancien dirigeant de la Ciivise, cette commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants, en pleine crise, et plaidé pour protéger les enfants victimes de violences sexuelles.

"Cette famille incestueuse du cinéma n'est que le reflet de toutes ces familles" touchées par ces violences, a déclaré Judith Godrèche devant la délégation sénatoriale, précisant avoir reçu 4.500 témoignages de victimes sur une adresse électronique qu'elle a ouverte à cet effet.

Coach d'intimité et référent indépendant

Sur le cinéma en particulier, elle a "demandé de constituer une commission d'enquête sur les violences sexuelles et sexistes dans le milieu du cinéma" et également "le retrait" de ses fonctions à la présidence du Centre national de la cinématographie (CNC) de Dominique Boutonnat.

Ce dernier a été mis en cause dans une affaire, pas encore jugée, d'agression sexuelle présumée sur son filleul de 21 ans, des accusations qu'il conteste. Il a été reconduit dans ses fonctions malgré cette affaire, au grand dam des associations féministes.

"Je pense qu'il est indispensable qu'il y ait un référent indépendant, c'est à dire qui ne soit pas payé par une boîte de production, et qui soit neutre, sur les tournages et qui qu'il y ait également un coach d'intimité imposé pour toutes les scènes de sexe. Qu'il y ait une personne qui soit tout le temps là avec l'enfant, après le tournage également, à toutes les étapes de la participation d'un mineur", a encore souligné Judith Godrèche au micro de BFMTV.

"Je ne suis pas toute puissante et je n'ai pas toutes les solutions, je pose beaucoup de questions, et je m'organise avec des gens pour se poser ces questions ensemble, et essayer de faire des propositions", a-t-elle conclu.

Article original publié sur BFMTV.com