Des journalistes italiens “bloqués” par les services secrets de Kiev

“Voilà ce qui s’est passé : il y a dix jours, ils ont suspendu nos accréditations militaires, à moi et à mon collègue Alfredo Bosco. On ne nous a jamais dit pourquoi, mais sur les chats des fixeurs, on nous a décrits comme des ‘espions des Russes’. Lorsque c’est arrivé, ces deux ‘espions’ rentraient de Bakhmout, où ils avaient passé quelques heures sympathiques sous les coups de l’artillerie de Poutine.”

Ce message, relayé par le quotidien turinois La Stampa, a été publié vendredi dernier par Andrea Sceresini, sur son compte Facebook. L’homme est un journaliste free-lance italien travaillant en Ukraine, et il explique que lui et son collègue ont été “convoqués pour un interrogatoire par le SBU [les services secrets ukrainiens]”. Un interrogatoire, qui, jusqu’ici, n’a jamais eu lieu.

“Sans accréditation, on risque l’arrestation”

“On est restés des jours bloqués dans notre appartement de Kramatorsk, car si on vous arrête à un check-point sans une accréditation valide, on risque l’arrestation”, poursuit Sceresini, qui raconte s’être alors déplacé avec son collègue à Kiev pour faciliter le contact avec le SBU. Sans succès.

“On a ensuite découvert que notre faute est d’avoir raconté en 2014 et en 2015 ce qui se passait à Donetsk et à Louhansk, ce qui fait de nous automatiquement des collaborateurs des Russes. Peu importe si on a enquêté sur les mines clandestines gérées par les séparatistes, si on a parlé des volontaires fascistes qui combattent avec les Russes, si, en octobre, je suis allé en Sibérie en me faisant passer pour un touriste pour témoigner du mécontentement. Peu importe si depuis un an on suit le conflit de ce côté de la frontière. On dit que la première victime de la guerre est la vérité, parfois c’est aussi la liberté.”

À travers le récit de Sceresini, on apprend qu’un autre journaliste italien, Salvatore Garzillo, a été bloqué à la frontière polonaise, lui aussi considéré comme persona non grata en Ukraine. Et la liste pourrait être plus longue.

Selon des informations fournies par Il Fatto Quotidiano, en effet, “les journalistes italiens auxquels on aurait suspendu l’accréditation permettant de circuler librement et donc de travailler seraient au moins huit”. Des journalistes qui affirment vouloir être entendus par le SBU, car ils n’ont rien à cacher.

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