Le jour où je n’ai pas vu le Kilimandjaro

L’heure du retour a sonné. Les derniers jours de notre grande traversée sont mêlés d’excitation, de satisfaction et de mélancolie. Tout a une fin. En voyage, ce sentiment violent de nostalgie nous envahit alors même qu’on est encore sur la route. On veut voir encore des animaux, dormir de nouveau dans le désert sous les étoiles, revoir les gens rencontrés en chemin, mieux conduire dans le sable… Recommencer, tout en s’élançant vers demain. S’attacher et s’arracher sont finalement les deux contraires de la vie nomade, qui lui donnent un petit goût de spleen. Comme si notre vie se composait de deux mouvements : planter son esprit quelque part, pour ensuite le déraciner ailleurs. Et entre les deux trouver l’équilibre au guidon.

Heureusement, mon compagnon de route, invariablement ancré dans l’instant présent, partage sa bonhomie et me promet quelques jours encore très réjouissants. Il a passé du temps sur les cartes pour ne pas rater de belles pistes ou routes. Nous prenons un grand plaisir à travailler notre itinéraire. Cela se fait assez naturellement, jour après jour. On réfléchit le soir à la journée du lendemain sans savoir exactement où l’on dormira, mais en se rapprochant d’un point cardinal décidé. On scrute la cartographie pour trouver le chemin le plus excitant – c’est-à-dire souvent le plus tortueux et compliqué – permettant de relier un endroit à un autre.

Le plus haut sommet du continent africain

Isolé au milieu de plateaux semi-désertiques, le Kilimandjaro culmine à 5 895 mètres d’altitude. Au fil des années, la couverture glaciaire de ce fameux volcan se réduit à peau de chagrin. Les neiges ne sont malheureusement plus éternelles à son sommet.

Visuellement, cet ancien volcan aux dimensions gigantesques ne ressemble pas aux sommets effilés de l’Himalaya. On dirait plutôt un hexagone émergeant à moitié de la savane. Sur une grande partie des versants nord et est, le pied de la montagne fait office de frontière avec le Kenya.

Si nous ne grimpons pas au sommet, alors nous en ferons le tour ! Nous roulons longtemps sur ses pentes, jusqu’à la limite marquant l’entrée du parc national du Kilimandjaro, interdit d’accès sauf aux trekkeurs munis d’un permis. Tout au long de notre circumambulation, nous rencontrons différents écosystèmes : des parties rocailleuses, presque arides, puis selon l’altitude des endroits très luxuriants, très humides aussi, traversés par des rivières ou émaillés de cascades. La région est abondamment arrosée, même en dehors de l’officielle saison des pluies. Quel contraste avec la steppe massaï en contrebas !

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