Jonathann Daval: le meurtrier de retour au tribunal dans un procès pour dénonciation calomnieuse

Six mensonges jugés ce mercredi devant le tribunal correctionnel de Besançon. Trois ans et demi après avoir été condamné pour le meurtre de sa femme, Jonathann Daval va être confronté une nouvelle fois à sa belle-famille, qui le poursuit pour "dénonciation calomnieuse".

Pour comprendre ce nouveau procès de Jonathann Daval, condamné à 25 ans de réclusion criminelle pour le meurtre de sa femme Alexia, il faut revenir près de six ans en arrière. À cette époque, Alexia est décédée depuis huit mois. L'ex-informaticien a été mis en examen depuis six mois après avoir admis avoir tué son épouse "par accident".

Mais le 4 juillet 2018, dans le bureau du juge d'instruction, Jonathann Daval avance une autre version. Selon lui, Alexia Fouillot a été tuée par son beau-frère Grégory Gay qu'il l'aurait étranglée. Il évoquait également "un complot familial" visant à protéger ce dernier.

"Six mois de mensonges"

Jonathann Daval était à nouveau revenu sur cette version en décembre 2018, réaffirmant avoir tué son épouse lors d'une dispute. Il avait notamment fait ses aveux, confronté à son ancienne belle-mère Isabelle Fouillot, venue avec la photo d'Alexia avec Happy, le chat du couple. "C'est ce qui a permis de déclencher la vérité en ayant bien insisté sur le fait (...) qu'il fallait qu'il se libère de ce carcan de déni dans lequel il était", expliquait-elle à l'époque.

Par la suite, et jusqu'au procès, Jonathann Daval a maintenu être à l'origine de la mort de son épouse. La cour d'assises de la Haute-Saône l'a condamné à 25 ans de réclusion criminelle. Si sa belle-famille assure désormais vouloir se reconstruire, ces accusations ont laissé des marques.

"On reproche à Jonathann Daval ses mensonges, pendant six mois, lorsqu’il a accusé Grégory Gay d’avoir étranglé Alexia avec la complicité de sa famille", rappelle à l’AFP Jean-Hubert Portejoie, un des avocats des plaignants.

Sur BFMTV, Me Portejoie a rappelé le préjudice personnel mais aussi professionnel subi par Grégory Gay. Le prévenu encourt cinq ans de prison, une peine qui serait confondue avec sa condamnation pour meurtre. "Ca a été terrible pour Gregory Gay", insiste son avocat. "Le préjudice n'est pas symbolique, ce sont des semaines et des semaines d'accusations."

Sa belle-famille demande 60.000 euros de dommages et intérêts, dont 30.000 euros pour Grégory Gay, 10.000 euros pour la sœur d'Alexia et 10.000 euros pour chacun des parents.

Un mensonge pour protéger sa mère?

En août 2023, la belle-famille de Jonathann Daval a en effet engagé une procédure, une citation directe, à son encontre pour "dénonciation calomnieuse". Une procédure consistant à faire convoquer directement une personne devant la justice, lorsque les affaires sont simples. "La loi est claire", précise une source proche du dossier. "On ne pourra jamais reprocher à un accusé de mentir, car la loi prévoit qu'il ne peut s'auto-incriminer. En revanche, il n'a pas le droit d'accuser quelqu'un à tort en donnant des informations qui pourraient lui faire encourir des poursuites pénales."

Et d'ajouter: "Le mensonge utilitaire, oui, mais le mensonge pouvant faire encourir des poursuites à l'encontre de la personne accusée, ce n'est pas possible."

Jonathann Daval purge sa peine à la maison centrale d'Ensisheim, dans le Haut-Rhin. Sur les accusations prononcées par son fils à l'encontre de son beau-frère en 2018, le principal plaignant dans cette procédure, sa mère estimait qu'il l'avait fait pour la protéger. "Comme il voyait que j’avais de la peine et que je ne voulais pas admettre, je pense qu’il s’est dit, dans sa tête, 'si je mets quelqu’un d’autre, maman sera contente'", estimait-elle sur BFMTV en janvier dernier.

"C’est personne de la famille qui lui a soufflé ça, ni moi, ni ses avocats, c’est venu de lui-même."

Ce procès pourrait être l'ultime confrontation entre Jonathann Daval et son ancienne belle-famille. La mère du prévenu a confirmé ce mercredi matin que son fils avait envie de venir assister à ce procès et qu'il "assumerait". "Il s'est excusé plusieurs fois auprès de la famille d’Alexia et de Grégory Gay", a rappelé son avocat Me Randall Schwerdorffer, qui estime que ce procès n'était pas nécessaire.

Article original publié sur BFMTV.com