Joe Biden affirme avoir vu des photos d'enfants israéliens décapités: que sait-on vraiment?

Joe Biden affirme avoir vu des photos d'enfants israéliens décapités: que sait-on vraiment?

Cinq jours après les attaques du Hamas contre Israël, le président américain Joe Biden a affirmé mercredi soir avoir vu des images d'enfants décapités par le groupe islamiste, avant d'être démenti par l'un de ses porte-parole, selon la presse américaine.

"Jamais je n'aurais pensé un jour voir des images et me faire confirmer des images de terroristes en train de décapiter des enfants", a déclaré Joe Biden en fin de journée.

L'extrait, publié sur les réseaux sociaux par de nombreux médias, est rapidement devenu viral.

"Pas de confirmation indépendante"

Mais dans la soirée, un porte-parole de la Maison Blanche a indiqué à nos confrères du Washington Post que le président américain et les différents responsables militaires des États-Unis "n'ont pas vu d'images, ni confirmé (les supposées décapitations d'enfants, NDLR) "de manière indépendante".

Joe Biden "a fondé ses remarques sur les affirmations du porte-parole de Benjamin Netanyahu et sur les informations diffusées par les médias israéliens", poursuit cette source.

Un officiel de l'administration Biden a livré le même genre de réponse à CNN, qui écrit que selon cette source, "ni le président ni l'administration n'ont vu d'images ou n'ont eu confirmation d'enfants décapités par le Hamas".

Des déclarations contradictoires

Des bébés ont-ils été décapités dans le kibboutz de Kfar Aza le 7 octobre par les combattants du groupe islamiste Hamas? C'est ce qu'ont assuré dans un premier temps des soldats israéliens aux premiers journalistes arrivés sur place mardi, comme notre confrère Maël Benoliel, de la chaîne i24 News (appartenant au même groupe que BFMTV, NDLR), lors d'une visite du site du massacre. Contacté par Libération, Maël Benoliel a précisé qu'il n'avait pas vu lui-même d'enfants décapités et a détaillé ce que lui ont rapporté les soldats. Si l'un d’eux a évoqué des enfants exécutés "sans nous dire comment ils ont été tués", un autre parle de décapitations et un troisième évoque "des victimes découpées en morceaux".

Mais aucune confirmation officielle n'a été fournie par l'armée d'Israël et le gouvernement israélien. Aucune agence internationale, ONG ou gouvernement n'a pu être en mesure de confirmer la décapitation de plusieurs bébés, au milieu du massacre survenu dans ce kibboutz. Le journaliste Samuel Forey, qui se trouvait à Kfar Aza mardi pour Le Monde, a déclaré sur X (ex-Twitter) que "personne ne (lui) a parlé de décapitations, encore moins d'enfants décapités, encore moins de 40 enfants décapités".

"J'ai vérifié auprès de deux services de secours (souhaitant rester anonymes, tant le sujet est sensible), qui ont collecté nombre de cadavres. Les deux affirment qu'elles n'ont pas été témoins de telles exactions - sans dire que ça n'a pas existé", a-t-il précisé.

Des "scènes d'horreur inimaginables"

Des représentants du gouvernement et de l'armée israéliens livrent des déclarations contradictoires à ce sujet depuis mardi. Invité sur BFMTV mardi soir, Olivier Rafowicz, colonel de réserve et porte-parole de l'armée israélienne a parlé de "scènes d'horreur inimaginables".

"On a aujourd’hui découvert en rentrant dans le village de Kfar Aza des dizaines et des dizaines de corps, certains calcinés, certains décapités", a-t-il affirmé.

De son côté, le ministère des Affaires étrangères israélien a indiqué mercredi n'être pas en mesure "à ce stade" de confirmer le nombre de "40 bébés assassinés" lors du massacre, évoqué dans un premier temps, selon un porte-parole à l'AFP. Mais le même jour, Tal Heinrich, porte-parole du Premier ministre israélien, a assuré à la radio britannique LBC que "certains" bébés ont été retrouvés avec leur tête coupée à Kfar Aza, citant elle aussi des "soldats sur le terrain" comme source.

Mercredi également, la capitaine Eden Tal, porte-parole française de l'armée israélienne, a déclaré sur BFMTV que l'information selon laquelle des bébés ont été décapités par le Hamas en Israël est "malheureusement vraie".

"On parle de centaines de morts dans les kibboutz de Kfar Aza et Beeri", "des femmes, des enfants, des bébés décapités", a-t-elle dit.

Et ce jeudi, un responsable israélien anonyme a déclaré à CNN qu'"il y a eu des cas où des militants du Hamas ont procédé à des décapitations et à d'autres atrocités similaires à celles de l'État islamique". "Cependant, nous ne pouvons pas confirmer si les victimes étaient des hommes ou des femmes, des soldats ou des civils, des adultes ou des enfants", a-t-il dit.

Article original publié sur BFMTV.com