JO de Paris 2024 : la désignation des porte-drapeaux vire au casse-tête à 4 mois des Jeux olympiques

Lors des JO de Tokyo, décalés à l’été 2021 du fait de la pandémie de Covid, le gymnaste Samir Aït-Saïd et la judoka Clarisse Agbégnénou avaient été désignés porte-drapeaux de la délégation française. Trois ans plus tard, le mystère règne quant à l’identité de leurs successeurs.
BEN STANSALL / AFP Lors des JO de Tokyo, décalés à l’été 2021 du fait de la pandémie de Covid, le gymnaste Samir Aït-Saïd et la judoka Clarisse Agbégnénou avaient été désignés porte-drapeaux de la délégation française. Trois ans plus tard, le mystère règne quant à l’identité de leurs successeurs.

JO DE PARIS 2024 - C’est un honneur qui vaut pratiquement autant qu’un titre olympique dans la carrière d’un athlète. Dans quatre mois, le 26 juillet, se tiendra la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris. L’occasion pour un sportif et une sportive de porter le drapeau de la délégation française de ces JO, qui n’étaient plus revenus dans l’Hexagone depuis un siècle.

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Une distinction immense, à laquelle pensent de nombreuses personnalités. Sauf que toutes ne peuvent en réalité pas postuler. Ainsi, Teddy Riner, Kylian Mbappé, Clarisse Agbégnénou ou Antoine Dupont, qui figurent tous très haut dans les sondages sur l’identité des porte-drapeaux, sont inéligibles, pour des raisons différentes. Au point que la désignation vire au casse-tête.

Des candidats éconduits

Le 13 mars dernier, David Lappartient, président du Comité national olympique du sport français (CNOSF), Marie-Amélie Le Fur, présidente du comité paralympique, et Astrid Guyart, co-présidente de la Commission des athlètes de haut niveau détaillaient les modalités d’élection des quatre porte-drapeaux français ; un homme et une femme pour chaque cérémonie d’ouverture, olympique et paralympique. Des athlètes qui devront, comme leur nom l’indique, mener la délégation française en portant le drapeau national, mais aussi représenter les équipes tricolores dans les médias.

En l’occurrence, parmi les critères, les athlètes français qui ont déjà été désignés porte-drapeaux pour la France sont exclus. Cela vaut notamment pour Teddy Riner, qui l’a été aux JO de Rio en 2016, comme pour le gymnaste Samir Aït Saïd et la judoka Clarisse Agbégnénou, qui partageaient cet honneur à Tokyo en 2021.

Ensuite, il faut nécessairement avoir pris part à des Jeux olympiques ou paralympiques pour postuler. Exit donc Kylian Mbappé, Antoine Dupont, Félix Lebrun ou Victor Wembanyama pour ne citer qu’eux. « Les porte-drapeaux auront un rôle de capitaine, de mentor, auprès des plus jeunes, de ceux qui disputeront leurs premiers Jeux olympiques ou paralympiques », a justifié Marie-Amélie Le Fur. Pas forcément le meilleur argument quand on sait que le footballeur et le rugbyman sont tous deux capitaine de leur sélection.

Un décalage entre popularité et critères retenus ?

Dernier critère et non des moindres : la nécessité de « respecter et incarner les valeurs éthiques de l’olympisme ». Une condition assez floue qu’a tenté d’éclaircir David Lappartient.

« On a posé les principes mais on doit affiner les critères. Un athlète condamné pour des faits de dopage ne pourra pas être porte-drapeau ». C’est notamment le cas de Nikola Karabatic, handballeur trois fois champion olympique et quadruple champion du monde, mais qui a été condamné en 2017 dans une affaire de paris truqués visant les résultats de son club, ce qui va à l’encontre des fameuses « valeurs éthiques ».

Autant d’exemples qui font grincer des dents au sein de l’élite du sport français et qui compliquent le futur choix. « Il y a une telle richesse dans le sport français que c’est normal d’avoir d’autres athlètes qui puissent candidater », a tenté de justifier David Lappartient au sujet de l’impossibilité pour un athlète de porter le drapeau à plusieurs reprises.

Une déclaration forcément mal reçue par Clarisse Agbégnénou, qui s’était fendue quelques jours plus tôt d’un tweet ciblant les conditions de désignation au regard de sondages de popularité. Elle y dénonçait le fossé entre la volonté des Français et le dispositif réel élaboré par « des personnes œuvrant en backstage (en coulisses, ndlr) pour imposer des conditions discriminantes ».

Les athlètes au cœur du processus de décision

Ce à quoi Astrid Guyart, fleurettiste médaillée d’argent par équipes à Tokyo et désormais cadre des instances du sport français, a répondu : « Le choix a été fait que ce rôle d’une vie soit possible pour le plus grand nombre de sportifs. Ceux qui l’ont déjà été peuvent s’effacer pour laisser un autre être porte-drapeau et vivre cette expérience incroyable. » Une explication reçue par Clarisse Agbégnénou, qui estime tout de même n’avoir pas vécu pleinement l’expérience en 2021, du fait de la pandémie de Covid, du port du masque et de l’absence de public.

Pour contrer le procès en manque de légitimité du choix qui sera fait, le CNOSF a d’ailleurs dégainé un argument d’importance : celui de la désignation inédite des porte-drapeaux par un vote des athlètes retenus pour les JO. En effet, une fois que les candidats auront postulé auprès de leur fédération, ce sont les autres sportifs qui éliront leur représentant.

À ce petit jeu, on peut miser sur plusieurs candidats potentiels, qui remplissent tous les critères : le décathlonien Kevin Mayer, le perchiste Renaud Lavillenie (s’ils parviennent à se qualifier pour les JO) et le nageur Florent Manaudou chez les hommes, la boxeuse Estelle Mossely, la discobole Mélina Robert-Michon pour ses 7e Jeux ou la footballeuse Wendie Renard chez les femmes.

Quoi qu’il en soit, il faudra attendre la mi-juin pour connaître le nom des athlètes retenus pour être soumis au vote, puis une dizaine de jours avant la cérémonie d’ouverture pour avoir les lauréats. Et savoir si leur identité fait effectivement l’unanimité.

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