OM: "J’entends ces cris de singe...", Luccin et Dugarry racontent la mythique bagarre de Bologne en 1999
20 avril 1999. Stade Renato Dall'Ara. Accroché deux semaines plus tôt au Vélodrome (0-0), l’OM se qualifie pour la finale de la Coupe de l’UEFA en obtenant le nul sur la pelouse de Bologne en demi-finale retour (1-1), grâce à un penalty de Laurent Blanc à la 87e minute. Un résultat validé à l’arrachée, en terre hostile, par les hommes de Rolland Courbis face à ceux de Carlo Mazzone. De cette soirée, les supporters se souviennent aussi de la bagarre générale survenue au coup de sifflet final. Avec une pluie de coups entre joueurs et membres des staffs dans le tunnel menant aux vestiaires.
Christophe Dugarry n'a rien oublié. Titulaire en pointe au côté de Fabrizio Ravanelli, il avait participé à la mêlée pour défendre Peter Luccin, son jeune coéquipier âgé de 20 ans pris à partie. Vingt-cinq ans plus tard, ils sont tous les deux revenus sur cette bagarre dans l’émission Rothen s’enflamme sur RMC. "Lors des dix dernières minutes, en raison de ma couleur de peau, on entend beaucoup de cris de singe. Ce n’est pas une justification. Mais quand le match se termine, j’entends ces cris de singe et je leur dis (aux supporters de Bologne, ndlr) de continuer, avec ma gestuelle. Les Italiens ont dit que j’avais fait des doigts. Je peux vous le dire, je n’ai pas fait de doigts, à aucun moment. Nous on va en finale, et à ce moment-là j’entends ‘Peter, attention!’. Je suis un peu à côté du tunnel, je vois trois-quatre joueurs arriver", s’est souvenu Luccin.
Dugarry: "Comme un idiot fini, je cours et j’y vais"
"Moi je suis derrière, je vois que les mecs commencent à chahuter Peter, à le bousculer. Comme un idiot fini, je rentre dans les brancards, je cours et j’y vais! J’aurais pu arriver tranquillement, dire à tout le monde de se calmer. Mais je suis un idiot fini... Les mecs ne m’ont rien fait. Ils ne sont pas non plus en train de rouer de coups mon copain. J’ai zéro excuse, je suis fautif à 100%. Je vais aller plus loin, c’est presque moi qui déclenche le truc", a souligné Dugarry, lucide sur son comportement. Dans la confusion, Patrick Blondeau avait notamment mis un coup de tête à un policier casqué.
"On rentre dans le tunnel et Christophe vient à la rescousse. Patrick Blondeau met des coups de tête. Il y a beaucoup de monde dans le tunnel. L’altercation débute comme ça. On a dit que j’avais fait des gestes obscènes au public. Mais à aucun moment je n’ai fait de gestes obscènes. J’ai fait des gestes pour leur dire de continuer à faire des cris de singe. C’est ce qui s’est passé. Je ne veux pas que Christophe se mette tout sur le dos. J’aurais pu éviter de faire mes gestes. Mais le racisme pouvait me faire sortir de moi-même. J’ai perdu un peu les pédales. Il n’y a eu aucun geste obscène de ma part. Mais le racisme ce n’était pas possible", a poursuivi Luccin.
Pas de regrets pour la finale
Et Dugarry de poursuivre le récit: "Si je n’y vais pas comme un idiot, peut-être qu’il n’y pas Patrick Blondeau et tout le reste. Moi je prends six matchs de suspension… Même Robert Pirès s’est énervé ce jour-là, c’est dire… non je rigole (rires) !" Décimé par les suspensions après cette demi-finale retour, l’OM ne s’en remet pas et s’incline lourdement contre Parme en finale (3-0), à Moscou. "On aurait eu du mal même avec tous nos joueurs. Cette saison s’est terminée d’une manière particulière… On aurait aussi dû gagner le championnat. Je pense qu’on était plus costauds que Bordeaux", a témoigné Luccin, aujourd’hui entraîneur adjoint du FC Dallas, le club où il a terminé sa carrière.
Même discours du côté de Dugarry: "Parme était supérieur. Laurent Blanc, qui avait été magique toute la saison, fait peut-être son plus mauvais match en finale. On offre le premier but. En face ils étaient sereins, avec des joueurs de classe mondiale. Le meilleur a gagné. Avoir tous les titulaires n’aurait pas changé grand-chose."