JO de Paris 2024 : basculer les Jeux d’été au printemps ou à l’automne devra être envisagé, selon ce rapport

Avec les conditions actuelles du réchauffement climatique, continuer à organiser les JO d’été durant la période estivale sera bientôt inenvisageable.
WILL OLIVER / AFP Avec les conditions actuelles du réchauffement climatique, continuer à organiser les JO d’été durant la période estivale sera bientôt inenvisageable.

JEUX OLYMPIQUES - Sera-t-il possible d’organiser indéfiniment les Jeux olympiques d’été en plein été ? C’est la question posée par des chercheurs et des athlètes dans une étude, relayée par la presse britannique mardi 18 juin, alors que les Jeux de Paris 2024 s’annoncent parmi les plus chauds de l’histoire.

JO de Paris 2024 : les scénarios météo auxquels s’attendre pour le début de l’été et des Jeux olympiques

Les dernières prévisions de Météo-France ne laissent que peu de place au doute pour la période des Jeux olympiques et paralympiques organisés cet été en France, du 26 juillet au 11 août et du 28 août au 8 septembre. Selon le prévisionniste, l’été météorologique (juin-juillet-août) a 50 % de chance d’être plus chaud que les normales de saison, contre 30 % pour un scénario conforme aux normales et 20 % pour un scénario plus froid.

S’il est encore trop tôt pour parler d’été caniculaire à ce stade, le risque de températures élevées menace déjà l’organisation des Jeux de Paris. Tout comme les éditions suivantes.

Penser les JO de demain

C’est pour cette raison que le deuxième rapport « Cercles de feu : risques liés à la chaleur aux Jeux olympiques de Paris 2024 » a vu le jour sous l’impulsion de scientifiques et de physiologistes de la chaleur de l’Université de Portsmouth, en Angleterre, avec l’aide de onze athlètes, dont plusieurs médaillés olympiques.

Leur objectif ? Mettre en garde sur le danger de maintenir des JO en période estivale. Une tradition olympique en passe de devenir impossible à perpétuer avec l’accélération du réchauffement climatique. Pour y remédier, l’une de leurs principales recommandations consiste à modifier le calendrier olympique pour que les épreuves soient organisées durant des mois ou des périodes de l’année où la chaleur est moins importante.

Directrice générale de FrontRunners, l’une des organisations à l’origine du rapport, Emma Pocock affirme au Guardian que « les Jeux de Paris pourraient dépasser le record de chaleur de Tokyo ». D’où cet appel principalement destiné aux instances dirigeantes du sport pour prendre acte des conséquences de l’inaction face au réchauffement climatique.

Pour appuyer son constat, l’étude évoque l’augmentation moyenne des températures entre les deux éditions parisiennes de l’histoire des Jeux olympiques, celle de 1924 et celle de 2024. Ainsi, les mois où se déroulent les JO (juillet et août) se sont réchauffés de 3,1 °C en l’espace de 100 ans.

Pour protéger la santé des athlètes, le rapport propose une série de recommandations, à commencer par « réévaluer les partenariats avec des entreprises liées aux énergies fossiles », « renforcer la participation des athlètes et des organismes sportifs dans les campagnes de sensibilisation au climat », « donner aux sportifs la parole sur le changement climatique » et surtout « introduire et améliorer les plans de réhydratation et de refroidissement pour les athlètes ».

Un avenir en pointillé

Menace existentielle pour le sport, l’augmentation des températures alarme depuis longtemps la communauté scientifique. Et l’histoire récente des JO nous a déjà largement mis en garde sur les risques encourus. Circulation routière coupée à Pékin en 2008 pour réduire la pollution de l’air avant l’ouverture des Jeux, hécatombe du 50 km marche de Rio 2016 ou plaintes de tennismen et tenniswomen, plus qu’éreintés par la chaleur et l’humidité tokyoïte en 2020. Les exemples ne manquent pas.

« Je peux finir le match, mais je peux aussi mourir. Si je meurs, est-ce que vous serez responsable ? ». Phrase du tennisman russe Daniil Medvedev adressée à un arbitre lors des Jeux de Tokyo 2020.

L’avenir des Jeux d’été s’écrit donc en pointillé. Une autre étude, réalisée en 2016 par une équipe de chercheurs de l’université californienne de Berkeley, montrait déjà l’impasse de maintenir des Jeux d’été à cette période de l’année. D’après leurs résultats, rapportés par La Croix, seules huit villes de l’hémisphère nord, en dehors de l’Europe occidentale, seront assez fraîches pour accueillir les Jeux d’été en 2085. Sur 600 villes d’au moins 600 000 habitants, les chercheurs ont éliminé toutes les villes hôtes potentielles où le risque d’annulation de l’épreuve du marathon était supérieur à 10 % avec une température dépassant les 26 °C. Le constat est sans appel : aucune ville d’Amérique latine et d’Afrique et seulement deux en Asie pourront encore prétendre à organiser les JO.

En Europe, moins de trente villes du nord et de l’est du continent seraient encore en lice. Et à l’horizon 2100, le nombre de ville hôtes « acceptables » passe même à quatre pour l’Europe occidentale. À savoir Dublin en Irlande, Belfast en Irlande du Nord, et Édimbourg et Glasgow en Écosse.

Alors que les marathons des JO de Paris auront lieu les 10 et 11 août, il est presque certain qu’aucun record olympique ne sera battu sur cette épreuve reine. Et pour cause, les meilleurs chronos de l’histoire du marathon ont été établis avec une température avoisinant les 12 °C. En plein été, à Paris, nul doute que le mercure affichera une valeur bien plus élevée quand les marathoniens s’élanceront, même au petit matin.

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