JO Paris 2024 : à peine commencée, la construction de la tour du jury de l’épreuve de surf en Polynésie a déjà abîmé les coraux

Les ouvriers ont posé les fondations de la tour des juges dans l’eau turquoise de Teahupo’o, mythique spot de surf finalement choisi pour l’épreuve de Paris 2024.

Après avoir fait des vagues pendant des mois, la très controversée tour des JO a finalement commencé sa construction en Polynésie. La première étape des travaux s’est déroulée calmement, sans action militante. Néanmoins, comme l’avaient alerté les associations, elle n’a pas été sans dégâts pour les coraux de Teahupo’o.

Comme vous pouvez le voir ci-dessous dans le reportage de la chaîne locale TNTV Tahiti, les ouvriers ont posé les premières fondations de la tour des juges dans l’eau turquoise. « On essaye de faire le mieux que l’on peut, il y a eu des petites casses, on ne va pas le nier », estime Moana David, porte-parole du projet. « La nature fait bien les choses, les coraux vont revenir dessus, même sans bouturage », ajoute-t-il.

À ses côtés, le surfeur local Pascal Luciani renchérit : pour le moment, « il y a eu quatorze impacts sur le corail, ce n’est pas grand-chose. » Or, les coraux sont des réservoirs de biodiversité très importants : à l’échelle de la planète ils abritent 30 % des espèces marines.

Les coraux déjà brisés lors d’un « test » en décembre

Le site de Teahupo’o, mondialement connu pour sa célèbre vague et ses eaux transparentes, dispose déjà d’une tour en bois pour les juges des épreuves de surf. Problème : celle-ci ne respecte plus les normes. Le comité des JO a donc décidé de la remplacer par une structure en aluminium, ce qui a nourri de vives crispations, notamment de la part des défenseurs de l’environnement. Une pétition contre la construction de cet équipement a réuni plus de 250 000 signataires.

En décembre, la diffusion d’une vidéo montrant une barge en train de briser accidentellement du corail avait amplifié la colère des opposants. Le test avait été « mal préparé », avait fustigé la ministre des Sports et des JO, Amélie Oudéa-Castéra. Le gouvernement de la Polynésie française avait suspendu les travaux, remis en cause la tenue de l’épreuve, puis révisé le projet initial.

Son président Moetai Brotherson avait annoncé la construction d’une tour plus légère et moins haute, sous la supervision de deux personnalités respectées des surfeurs locaux, Pascal Luciani et Moana David. « La supervision du chantier par les équipes qui montent la tour depuis 20 ans, l’ouverture du kiosque information et la concertation locale sur les enjeux “environnementaux et héritage” ont favorisé le retour à l’apaisement », s’est félicitée vendredi Barbara Martins Nio, responsable du site de Tahiti pour le Cojo, le comité d’organisation des Jeux.

« On a lâché l’affaire », a de son côté regretté Cindy Otsenasek, présidente de Vai Ara o Teahupoo, l’association la plus mobilisée contre les travaux, qui estime avoir fait « tout ce qui était possible dans les limites de la légalité ».

L’épreuve de surf des JO est prévue du 27 au 30 juillet prochains, avec une prolongation possible jusqu’au 5 août si la houle se fait attendre. Le reste de la tour sera préconstruit sur la terre ferme à partir du 11 mars, pour une livraison finale prévu le 13 mai, juste avant la Tahiti Pro, une compétition annuelle de la World Surf League.

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