Jean-Pierre Winter : « Nous sommes tous comme des pantins désarticulés »

Y a-t-il, dans la décision solitaire et hâtive du président de la République de dissoudre l'Assemblée, un ressort inconscient ? Sommes-nous, comme les passagers de l'A320 précipité en 2015, par un copilote suicidaire, contre un massif des Alpes du Sud, entraînés vers l'abîme par un président perdant la raison ? Les soutiens d'Emmanuel Macron, d'abord sonnés, ne se gênent plus, depuis quelques jours, pour livrer en off quelques analyses psychiques sauvages. « Pour moi, la psychologie offre la seule clé de lecture cohérente, s'émouvait ainsi auprès du Figaro, le 18 juin, l'un de ses compagnons de la première heure.Une légère défaite aux législatives de 2022 avait provoqué six mois de déprime. L'énorme claque des européennes produit une décompensation brutale. » Une chose est sûre, qu'il soit ou non névrotique, le geste du président, et le spectacle de décomposition accélérée de notre vie publique qu'il a aussitôt provoqué, a mis le pays en état de choc.

Le Point : Vos patients parlent-ils, en séance, de la séquence politique que nous vivons ?

Jean-Pierre Winter : Pas tous, mais ceux qui le font évoquent en général la manière dont leurs familles, leurs réseaux d'amis se déchirent à propos de l'élection à venir. Ce temps de fractures, de bagarres politiques familiales et amicales, je l'ai vu s'installer, clairement, après le 7 Octobre. Mais la décision d'Emmanuel Macron a comme exacerbé ces tensions, achevé de déchirer les liens. D'autant qu'en plus de s'engueul [...] Lire la suite