Jean-Luc Mélenchon acte la fin de la Nupes à son tour, ce qui se cache derrière cette sentence
POLITIQUE - La Nupes est morte. Vive l’Union populaire ? Jean-Luc Mélenchon a semblé acter la fin de l’alliance des partis de gauche à l’Assemblée nationale jeudi 30 novembre lors d’une réunion publique à Rochefort, en Charente-Maritime.
Pour l’homme fort de la France insoumise, « il n’y a plus de Nupes », car « ce qu’on a construit » il y a un peu plus d’un an pour les élections législatives 2022, « est déjà détruit », a-t-il lancé à son auditoire. Une sentence qui prend la forme d’un acte de décès après des mois de crispations entre les partenaires et des tensions exacerbées par la guerre au Proche-Orient puis ses répercussions sur le débat politique en France.
C’est peu de le dire : très critique, entre autres, du refus des Insoumis de qualifier le Hamas de mouvement terroriste, le Parti socialiste a retiré le logo de l’union de ses documents officiels à l’Assemblée, après avoir prononcé un moratoire à durée indéterminée. Fabien Roussel continue, lui, de répéter à l’envi qu’il quitte l’alliance, tandis que les écologistes ne semblent guère plus enclins à la conforter dans ces conditions.
Pour Jean-Luc Mélenchon, qui se demandait déjà fin octobre si un « point de non-retour » n’était pas franchi, il s’agit donc de constater un réel blocage. Mais pas seulement.
La faute des autres
Avec cette sortie, le triple candidat à l’élection présidentielle s’attache à faire porter la responsabilité des soubresauts de la coalition sur les autres partis. Crucial, pour celui qui expliquait dès juillet 2022 qu’il « coûterait très cher de descendre du train » de l’union, tant espérée par les électeurs de gauche pour les dernières présidentielles et législatives.
Jean-Luc Mélenchon a donc critiqué tour à tour des « enfantillages, des gamineries irresponsables dans le contexte dans lequel on évolue » . Il a par exemple fustigé le Parti socialiste, qui ne précise pas selon lui « les graves divergences » qui ont conduit ses cadres à stopper leur appartenance à la Nupes : « Je ne peux pas vous dire pour quelle raison ils ont fait un moratoire, je ne le sais pas ».
On a fait ce qu’on a pu pour avoir une liste NUPES aux élections européennes.
Maintenant, comme nous sommes les plus nombreux, nous portons cette affaire sur le dos.
Nous allons faire l’Union populaire avec ceux qui veulent : les Français trancheront.#PourLaPaix pic.twitter.com/EPfETmPxjp— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) November 30, 2023
Puis les écologistes, qui eux aussi « suspendent tout travail commun » après avoir refusé de faire liste commune aux Européennes. « On croirait que c’est nous qui gênons, mais c’est vous le boulet », a-t-il cinglé avant de viser Marine Tondelier « qui a expliqué que dire Allah Akbar c’est débile ». Une référence à la sortie de la cheffe EELV en marge d’une manifestation de soutien au peuple palestinien mi-octobre. Elle avait rapidement dit « regretter » cette déclaration.
Le retour de « l’Union populaire » ?
Et l’Insoumis en chef de conclure, jeudi : « j’ai honte de me présenter devant vous en vous disant voilà ce qui s’est passé. (...) C’est la vérité, on a fait ce que l’on a pu. » Une façon de se poser en chantre de l’union face à des partenaires qui auraient tout fait pour la torpiller. « Pourquoi je voudrais détruire ce que j’ai créé avec d’autres ? », a-t-il par ailleurs assuré.
Dans ces conditions, Jean-Luc Mélenchon a pris soin de ne pas enterrer le principe d’une coalition plus large que la France insoumise, en évoquant « l’Union populaire » projetée vers la prochaine présidentielle avec comme ligne de mire un duel avec « le Front national ». « À la fin c’est entre eux et nous que ça va se passer, c’est cette bataille-là qu’il s’agit de gagner », a-t-il asséné.
« Nous allons faire l’Union populaire avec ceux qui veulent, et ceux qui ne veulent pas feront ce qu’ils veulent, les Français trancheront », a-t-il expliqué, pour que « le programme partagé » de la Nupes, centré en grande partie sur les propositions des Insoumis, puisse « continuer à vivre ». L’Union populaire, cette dénomination, ou ce mantra, qui l’avait porté lors de la dernière élection présidentielle et que Jean-Luc Mélenchon considère maintenant comme « l’avenir de la gauche ».
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