Jafar Panahi, géant du cinéma iranien, une fois encore emprisonné

Jafar Panahi commence à avoir l’habitude. L’“éminent auteur dissident iranien”, comme le décrit Variety, coutumier des accrochages avec les autorités depuis vingt ans, a encore une fois été arrêté, lundi à Téhéran. Il se rendait au bureau du procureur pour prendre des nouvelles de Mohammad Rasoulof, un confrère interpellé quant à lui la semaine dernière.

Le régime reproche aux deux hommes, ainsi qu’à Mostafa Al-Ahmad, autre réalisateur placé en détention, d’avoir encouragé des troubles et d’avoir “perturbé la sécurité psychologique de la société” selon l’Irna, l’agence officielle de la république islamique d’Iran, citée par le Guardian. Concrètement, M. Panahi a signé avec 70 autres cinéastes une lettre ouverte dénonçant la “corruption, le vol, l’inefficacité et la répression” du régime après la mort de plus de quarante personnes dans l’effondrement d’un immeuble à Abadan.

“Panahi a fait face à des problèmes légaux tout au long de sa carrière et a actuellement l’interdiction de quitter l’Iran ou de faire des films en dehors du pays”, rappelle le site Indiewire. Middle East Eye précise que son aura internationale, acquise entre autres grâce à son Lion d’or à Venise pour le film Le Cercle, en 2000, ne l’avait pas empêché d’être condamné en 2010 pour “propagande contre le système” après avoir affiché son soutien à des manifestations contre le gouvernement.

Ours d’or à Berlin en 2015

La situation est similaire pour M. Rasoulof. Les deux réalisateurs avaient été arrêtés pour avoir tourné sans permis en 2011, condamnés chacun à une peine de six ans de prison, réduite pour Rasoulof et transformée en résidence surveillée pour Panahi.

Le Festival de Cannes a rejoint le “concert d’appels à leur libération”, note le Hollywood Reporter. M. Panahi n’avait pas pu se rendre dans le sud de la France en 2018 alors que son film Trois Visages était présenté au festival. Il y avait reçu le prix du scénario. “Le Festival de Cannes condamne fortement ces arrestations ainsi que la vague de répression qui, à l’évidence, déferle actuellement en Iran sur ces artistes”, dit un communiqué, qui réaffirme par ailleurs le soutien des organisateurs à “tous ceux qui, à travers le monde, sont soumis à la violence et à la répression”.

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