“Quand j’ai regardé ma première fiche de paie, j’ai pensé que quelque chose n’allait pas”

En Allemagne comme en France, de nombreuses personnes traversent tous les jours la frontière pour se rendre dans un pays voisin où les salaires sont bien plus élevés. Le quotidien Die Zeit a interrogé trois salariés sur ce choix professionnel qui est aussi un choix de vie.

Mike Klein, 35 ans, était jardinier paysagiste en Allemagne. Un de ses collègues lui parle alors de sa vie de transfrontalier au Luxembourg et des salaires deux fois plus importants. Mike Klein décide donc de faire comme lui et commence une formation de couvreur. “Quand j’ai regardé ma première fiche de paie, j’ai pensé que quelque chose n’allait pas.” En effet, il y a découvert une somme qu’il pensait trop élevée, soit 2 700 euros net par mois pour un apprenti couvreur. En 2021, il change de métier et devient ingénieur routier et civil.

“Dans mon pays d’origine, je gagnerais environ 800 euros de moins par mois.”

Si le salaire a motivé sa décision, aujourd’hui, Mike Klein se dit également préoccupé par sa retraite : “Je ne veux pas avoir à collecter des bouteilles consignées pour joindre les deux bouts quand je serai vieux. Voilà à quoi pourrait ressembler ma retraite si je travaillais encore en Allemagne.”

Carl Puttmeier (nom d’emprunt), 39 ans, travaille également au Luxembourg tout en résidant en Allemagne. Habitué de l’expatriation avec des expériences en Chine, au Canada, en Suisse et au Royaume-Uni, il a opté pour une vie de transfrontalier. “Je ne le regrette pas à ce jour”, résume-t-il. Ce cadre supérieur “fait chaque jour environ 40 kilomètres aller-retour jusqu’au Luxembourg. Cela en vaut la peine, car l’immobilier n’y est pas abordable pour les salariés moyens. Il ne nous serait pas possible de financer une crèche pour chaque enfant. Nous supportons donc quotidiennement les embouteillages et les longs trajets.” Ses enfants sont dans des crèches et des jardins d’enfants allemands, mais Carl Puttmeier a pu profiter du congé parental plus long accordé au Luxembourg, puis réduire son temps de travail pour passer à 80 %, comme cela est permis durant vingt mois par la loi luxembourgeoise, et bénéficier d’allocations familiales plus élevées. Il tient cependant à souligner que, comme tous les transfrontaliers, il paie des impôts dans son pays et y dépense son argent, contribuant ainsi à la vitalité économique locale.

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