"J’ai rasé ma tête deux fois, pour être libre": Golshifteh Farahani revient sur sa jeunesse en Iran

L'actrice iranienne, exilée en France, se souvient des mesures drastiques qu'elle a prises à l'adolescence pour contourner l'oppression du régime.

Un fossé sépare les jeunes Iraniens, en plein soulèvement populaire contre les lois liberticides de leur régime, de la génération qui les a précédé. C'est le constat que fait Golshifteh Farahani, devenue Française après avoir fui son Iran natal. L'actrice de 39 ans, arrivée en France lorsqu'elle en avait 26, s'est confiée à BFMTV:

"Nous étions les survivants. On aurait toujours trouvé une solution pour faire ce qu'on avait envie de faire (...) mais toujours en cachant. Cette génération-là, ils sont beaucoup plus frontaux, ils veulent vivre la vérité."

"Nous, on avait peur de vivre notre vérité, nous étions traumatisées", poursuit-elle. "On avait peur d’être une femme, on avait peur de nos seins, d’être amoureux, d'avoir du désir, d’être touchées dans le taxi ou le bus. Nous étions remplis de culpabilité. Mais cette génération-là ne porte pas de culpabilité."

"Ils veulent laisser leurs cheveux dans le vent"

Les manifestations qui secouent la République islamique d'Iran ont commencé le 16 septembre, le jour de la mort de Mahsa Amini, jeune femme de 22 ans arrêtée trois jours plus tôt à Téhéran pour "port inapproprié de vêtements".

Sa mort a déclenché une vague de protestations dans le pays: dans la rue comme sur les réseaux sociaux, des femmes défilent tête nue, se coupent les cheveux ou brûlent leur voile. Gilshifteh Farahani, elle, se souvient d'avoir eu recours à des mesures drastiques pour goûter à la liberté tout en se pliant aux lois du régime:

"J’ai rasé ma tête deux fois, à 14 ans et 16 ans. J'ai eu la tête rasée pendant à peu près trois, quatre ans. Pour être libre, j’ai été obligée d'abandonner ma féminité et d'être un garçon. Vous voyez la différence entre ma génération et cette génération-là. Ils veulent laisser leurs cheveux dans le vent, ils garder les cheveux longs et être libres."

Les manifestations sont violemment réprimées par les autorités iraniennes: selon l'ONG Iran Human Rights (IHR), au moins 92 manifestants ont été tués dans la répression, qui s'est accompagnée de restrictions d'accès à Internet, notamment des blocages d'Instagram et de WhatsApp.

Article original publié sur BFMTV.com

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