J’ai mis ma vie entre parenthèses pendant 5 ans pour avoir mes 2 enfants

L’autrice avec sa fillet embrassant le ventre de sa mère enceinte. « J’ai vécu ces moments dans le secret et avec le recul j’aurais aimé savoir à quel point je n’étais pas la seule à avoir des problèmes. »
Bérénice Quinta L’autrice avec sa fillet embrassant le ventre de sa mère enceinte. « J’ai vécu ces moments dans le secret et avec le recul j’aurais aimé savoir à quel point je n’étais pas la seule à avoir des problèmes. »

Bérénice Quinta

J’ai vécu ces moments dans le secret et avec le recul j’aurais aimé savoir à quel point je n’étais pas la seule à avoir des problèmes.

PARENTALITÉ - Avant de clore ce chapitre « desperate housewife » dans lequel je me suis autant épanouie qu’arrachée les cheveux, j’avais envie de faire des miscellanées de cette période pas si simple. Parce que j’aime me souvenir et que chaque épreuve/joie me constitue. Parce qu’on parle rarement de ces choses-là, concrètement je veux dire et que chaque fois que j’en ai parlé à d’autres femmes j’ai souvent ouvert la porte à des confidences de souffrance, d’espoirs déçus, d’attente…

J’ai vécu ces moments dans le secret et avec le recul j’aurais aimé savoir à quel point je n’étais pas la seule à avoir des problèmes.

Ces miscellanées seront un peu plus étranges que d’habitude mais qu’elles permettent à qui le souhaite de me contacter si le besoin se fait sentir.

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Anticipation

34 ans, pas d’amoureux, envie de gagner du temps pour ne pas mettre la pression si je rencontre quelqu’un ou réfléchir à une grossesse solo selon le cas de figure. Pas faisable en France, direction Barcelone en 2015. Entre-temps j’ai rencontré Julien mais c’est trop neuf pour que je prenne le risque de ne rien faire.

14 RDV gynéco, 1 RDV hémato, 18 analyses sanguines et 19 échos, 6 jours à Barcelone, 34 piqûres à se faire soi-même, 1 anesthésie générale, 22 ovocytes congelés 5 ans, puis renouvelé 5 ans et qui deviendront des dons en 2025. J’ai suivi tout le processus seule.

5 grossesses en 5 ans

2017 : La crevette. 8 semaines

6 RDV gynéco et 7 échos, suspicion d’hyperémèse gravidique pour moi avec 6 à 8 vomissements par jour (bile), impossibilité de manger ou boire, très forte nausée constante qui me réveille la nuit, aucun médicament classique ne fait effet. 5 kg perdus.

Arrêt des battements du cœur pour le fœtus, avortement thérapeutique. C’est un choc moi qui me pensais si chanceuse.

2018 : La princesse. 10 jours après terme

Hyperémèse gravidique confirmée, rendez-vous toutes les semaines au début, arrêtée les 3 premiers mois puis arrêt total de travailler, 6 à 8 vomissements par jour (bile), impossibilité de manger ou boire, 4 perfusions de réhydratation, le zofran calme un peu les vomissements mais pas la nausée. Arrêt des vomissements du jour au lendemain à la 14e semaine, arrêt des nausées à la 17e semaine. 6 kg perdus puis repris puis 12 kg en plus.

27 RDV gynéco et autant d’échos, 1 test DPNI, 1 test diabète, 3 monitorings, 1 déclenchement, 25 heures de travail, 1 péridurale pas très efficace à la 17e heure, 1 césarienne d’urgence les yeux bandés, 0 peau à peau avant 5 heures post-naissance, 2 jours de clinique, 3 visites. 15 kg perdus après la grossesse.

Stella, Marie, Paloma R., 18-12-2018 à 01 h 21, 3,450 kg et 51 cm, Mascate, Oman.

Je décide d’arrêter complètement de travailler jusqu’à ce qu’on ait notre deuxième enfant.

2019 : Chou. 8 semaines

Hyperémèse gravidique, même conséquence que les autres grossesses avec vomissements et nausées extrêmes mais j’ai découvert un groupe de soutien sur Facebook qui m’aide beaucoup, saignements. Stella a 10 mois et je m’en occupe seule. Zofran. 3 RDV gynéco et autant d’échos. 4 kg perdus.

Fausse couche. On déménage à Dubaï 15 jours après. Julien démarre un nouveau boulot très prenant, on n’a pas d’appartement à nous pendant 3 mois, je me sens perdue et seule.

2020 : Crapouille. 12 semaines

Hyperémèse gravidique comme les autres grossesses, Stella a 17 mois et on est en plein confinement. Zofran. 6 RDV gynéco. L’écho du 1er trimestre montre une suspicion de trisomie 13,1 biopsie du trophoblaste est prévue le lendemain pour confirmer car à Dubaï les avortements ne sont autorisés que pour les trisomies 13 et 18 et il faut le prouver. Après avoir parlé à mon fœtus pour lui dire que je l’aimais mais qu’il pouvait partir, l’écho du lendemain a révélé l’arrêt des battements du cœur. L’avortement thérapeutique est donc possible sans biopsie. 1 hospitalisation seule (restriction covid), des tas de papiers à remplir, d’endroits où aller (merci Julien) car à partir de 12 semaines à Dubaï il faut incinérer ou enterrer le fœtus (30 g).

Le fœtus nous a été rendu dans une enveloppe kraft et a été incinéré. Je suis exténuée physiquement et moralement.

Longue remise en question : Voulons-nous vraiment ce deuxième ? 6 mois après on décide d’essayer une dernière fois que ça marche ou non.

2021 : Frimousse. 39 semaines

Hyperémèse gravidique habituelle, arrêt des vomissements à la 14e semaine, arrêt des nausées à la 17e semaine, 15 RDV gynéco, 1 test DPNI, 1 test diabète, 4 perfusions d’hydratation, 2 perfusions de fer, ferritine à 6 malgré tout, 19 après-midi de nounou pour m’aider avec Stella, 1 chute sur les côtes et 3 séances d’ostéo, 4 séances de psy, 1 voyage annulé (à raison) pour éviter le variant Delta, 6 kg perdus puis repris puis encore 11 kg 1 fausse date de césarienne annoncée pour être tranquille, 1 RDV anesthésiste, 1 césarienne programmée bien moins traumatisante, 1 h de peau à peau, 2 jours de clinique, 0 visite. Tous les kilos reperdus en 3 mois.

Orfeo, Charles, Léonard R., 11-11-2021 à 10 h 27, 3,410 kg et 55 cm, Dubaï UAE.

J’ai vécu ces moments dans le secret et avec le recul j’aurais aimé savoir à quel point je n’étais pas la seule à avoir des problèmes.

5 ans à ne rien pouvoir programmer, 5 ans à se mettre entre parenthèses, 5 ans à passer après, 5 ans de sacrifices, 5 ans à aller au bout de moi-même, 5 années qui laisseront un goût amer.

MAIS Stella et Orfeo illuminent nos vies et je suis tellement heureuse de m’être battue pour eux, tellement heureuse d’avoir tenu le coup, tellement heureuse de les avoir rêvés si fort qu’ils sont devenus réalité.

Allez, demain on passe à autre chose, je reprends des études.

La vie est belle !

Ce témoignage, initialement publié sur la page Facebook de Bérénice Quinta, a été reproduit sur Le HuffPost avec son accord.

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