Italie : qui est Giorgia Meloni, la leader d'extrême droite favorite pour diriger le pays ?

À l'âge de 45 ans, Giorgia Meloni pourrait devenir la première femme à la tête du gouvernement italien.
À l'âge de 45 ans, Giorgia Meloni pourrait devenir la première femme à la tête du gouvernement italien.

Le 25 septembre prochain, les Italiens sont appelés aux urnes pour désigner le prochain chef du gouvernement. Qui est Giorgia Meloni, la dirigeante du parti Fratelli D'Italia qui fait office de favorite ?

L'Europe va suivre des très près les élections législatives italiennes. Suite à la démission de l'ancien Premier ministre Mario Draghi et de son gouvernement au mois de juillet dernier, les Italiens sont appelés aux urnes le 25 septembre pour élire leur nouveau Premier ministre. Un scrutin décisif pour le pays qui traverse une crise économique et sociale historique, notamment depuis la pandémie de Covid-19 et le début de la guerre en Ukraine. Giorgia Meloni, cheffe du parti d'extrême droite Fratelli d'Italia, est en tête des sondages et pourrait bien devenir la nouvelle Première ministre italienne. Qui est cette femme de 45 ans qui pourrait succéder à Mario Draghi ?

Dès son adolescence, à l'âge de 15 ans, Giorgia Meloni s'engage en politique et adhère au Front de la jeunesse du Mouvement social italien (MSI), considéré comme l'héritier du Parti national fasciste de Benito Mussolini, avant de devenir conseillère de la Province de Rome à 21 ans. En 2006, alors qu'elle a 29 ans, elle occupe son premier haut poste en devenant députée dans le Latium, la région où se situe Rome, puis devient la plus jeune vice-présidente de la Chambre des députés de l'histoire.

Plus jeune ministre de l'histoire en Italie

En 2008, elle est choisie par Silvio Berlusconi pour être ministre de la Jeunesse dans le 4e gouvernement du Cavaliere et devient la plus jeune ministre de l'histoire italienne à 31 ans. Très médiatisée, cette journaliste de formation séduit par sa jeunesse et sa témérité lors de son passage au gouvernement. Dans une Italie machiste, elle fait les frais du sexisme, notamment celui de Guido Bertolaso, ancien directeur de la Protection civile italienne, qui lui indique qu'elle ferait mieux de se consacrer à son rôle de maman et de s'abstenir de participer à une campagne électorale pendant qu'elle allaite.

Durant son mandat au gouvernement, elle combat notamment le "caractère factieux des livres d'école", trop à gauche selon elle, et quitte son poste en 2011, lors de la démission de Silvio Berlusconi. Un an plus tard, lassée des discordes au sein de la droite italienne, elle co-fonde le parti Fratelli d'Italia avec d'autres dissidents du berlusconisme et en devient présidente en mars 2014. Sa formation décide de choisir comme emblème la flamme vert-blanc-rouge chère aux sympathisants du MSI, le parti fasciste de Mussolini.

Un travail de dédiabolisation de son parti

Alors qu'elle est enceinte, elle annonce sa candidature au poste de maire de Rome en 2016. Une décision qui lui vaut les critiques de Berlusconi, qui affirme qu'elle ne pourrait pas assumer les responsabilités de ce poste en élevant un enfant. "Dans une ville qui a comme symbole une louve qui allaite des jumeaux, cela ne sera pas un problème", lui répond-elle. Au final, elle termine 3e de ces élections mais est élue au conseil communal où elle siège ensuite.

Contrairement aux autres partis de droite et de centre-droite, son parti refuse de participer au gouvernement d'union nationale de Mario Draghi en 2021, ce qui lui permet de s'affirmer comme la seule leader figure d'opposition dans le pays et l'aide à gagner en visibilité et à faire progresser Fratelli d'Italia.

Lors de cette campagne pour les élections législatives, elle travaille d'arrache-pied pour dédiaboliser son parti en se montrant moins dure à l'égard de l'Union Européenne qu'elle juge tout de même trop ambitieuse, elle qui a longtemps souhaité une sortie de l'UE et jugé l'euro comme "mauvaise monnaie ayant enrichi uniquement l'Allemagne". Longtemps admiratrice de Vladimir Poutine, elle a changé de position suite à la guerre en Ukraine en jugeant cette invasion comme "un acte de guerre à grande échelle inacceptable de la Russie de Poutine contre l'Ukraine", avant de se prononcer en faveur de l'envoi d'armes à l'armée ukrainienne.

Contre l'immigration, le mariage homosexuel et l'avortement

Celle qui a pour devise "Dieu, la patrie et la famille" défend le modèle familial traditionnel, et n'hésite pas à critiquer le mariage et le droit à l'adoption des couples homosexuels, comparant notamment les couples de même sexe souhaitant adopter à "des ogres qui volent des enfants pour les manger". Si elle désapprouve l'avortement, en tant que "femme, mère, Italienne et chrétienne", elle ne compterait pas revenir sur le droit à l'IVG.

Sans surprise, elle défend une politique anti-immigration en voulant mettre fin à l'arrivée de migrants en Italie, notamment ceux en provenance d'Afrique par l'île de Lampedusa, et prône des mesures en faveur de l'emploi et du logement pour les Italiens. En 2016, elle déclarait vouloir fermer les frontières pour protéger l'Italie des clochers de "l'islamisation" en dénonçant "le remplacement ethnique en cours en Italie." Récemment, elle a fait polémique en diffusant sur les réseaux sociaux la vidéo d'un viol d'une Ukrainienne par une demandeur d'asile de 27 ans originaire de Nouvelle-Guinée dans le centre-ville de Piacenza, afin d'évoquer son thème fétiche de la sécurité.

Mussolini a "beaucoup accompli"

Si elle se défend d'être l'héritière de traditions fascistes italiennes, elle reconnaît encore aujourd'hui à Mussolini d'avoir "beaucoup accompli", sans oublier de mentionner ses "erreurs", notamment sur les lois anti-juives, mais présente son parti comme celui des "conservateurs" italiens. Dans une vidéo trilingue publiée sur Twitter, Giorgia Meloni tente de rassurer quant à son profil présenté comme néofasciste afin de rassurer les électeurs et les alliés de l'Italie qui s'inquiètent d'un retour de l'extrême droite.

Bien placée pour remporter les élections législatives qui arrivent dans un peu plus de deux semaines, cette femme au talent d'oratrice indéniable serait la première femme à la tête du gouvernement italien et la première personnalité d'extrême droite à ce poste dans le pays.

VIDÉO - "Je n'ai pas peur" : Giorgia Meloni pourrait devenir la future Première ministre italienne